Un nouveau vigneron bio de la Bourgogne est convoqué devant la justice pour avoir refusé de traiter sa vigne avec des insecticides, comme l'impose un arrêté préfectoral pour lutter contre la flavescence dorée, une maladie mortelle.
Thibault Liger-Belair est viticulteur à Nuits-Saint-Georges (Côte-d'Or) et à Moulin-à-Vent, appellation à cheval entre le Rhône et la Saône-et-Loire, où la réglementation n'est pas la même. « J'ai eu un contrôle sur Moulin-à-Vent en novembre 2013 et ils ont constaté qu'il n'y avait pas de traitement insecticide » alors qu'un arrêté de la préfecture de la Saône-et-Loire l'imposait, raconte à l'AFP le vigneron, confirmant une information du site internet Basta !
« Moi, j'ai fait valoir que je ne traitais pas puisque la préfecture du Rhône ne l'exigeait pas et que je suis entre les deux départements », poursuit-il. De plus, ajoute-t-il, le foyer de la flavescence dorée est à Plottes, à 40 kilomètres de chez lui et sur un cépage Chardonnay, alors que lui est en Gamay.
Convoqué le 19 mai devant le tribunal correctionnel
Mais ses arguments n'ont apparemment pas convaincu puisque le vigneron est convoqué le 19 mai devant le tribunal correctionnel de Villefranche-sur-Saône (Rhône) pour « refus d'effectuer les mesures de protection des végétaux », en l'espèce la « lutte insecticide contre le vecteur de la flacescence dorée », selon sa convocation devant le tribunal que l'AFP a pu consulter.
Apparue en 1949 en Armagnac (sud-ouest), la flavescence dorée est une maladie incurable de la vigne véhiculée par un insecte, la cicadelle. Jaunisse végétale, elle provoque un jaunissement des feuilles et un dépérissement du raisin.
Les traitements insecticides sont censés tuer la cicadelle et donc éviter une propagation de la maladie, mais ils posent d'énormes problèmes aux viticulteurs engagés en agriculture biologique. « J'ai des convictions et elles m'appellent à utiliser ces traitements avec parcimonie. La meilleure des luttes est la prospection et je m'interdis tout traitement préventif », illustre Thibault Liger-Belair. « Je suis en train de comprendre les dégâts collatéraux » de l'utilisation de ces pesticides, notamment sur le « capital du sol et de la vigne », ajoute-t-il.
En décembre dernier, Emmanuel Giboulot, un autre vigneron bio bourguignon, avait été relaxé en appel à Dijon pour avoir refusé de traiter sa vigne contre la flavescence dorée.