Les députés européens ont appelé mercredi les Etats de l'Union à se montrer prudents avant d'autoriser éventuellement l'exploitation des gaz de schiste, une activité qui devrait selon eux être encadrée par des normes environnementales strictes.
Contrairement aux Etats-Unis, l'Europe n'a encore entamé aucune exploitation commerciale de ces hydrocarbures non conventionnels, une question qui ne relève d'ailleurs pas de l'UE mais de chaque Etat membre.
Dans deux résolutions non contraignantes adoptées à Strasbourg, le Parlement européen souligne que les gaz de schiste représentent des « ressources énergétiques considérables », dont le potentiel devrait être évalué.
Cependant, leur exploitation comporte des risques, notamment en matière de pollution de l'eau et de l'atmosphère, a-t-il souligné.
La technique de la fracturation hydraulique - qui consiste à « libérer » le gaz prisonnier des roches en injectant de l'eau à haute pression dans le sol - devrait être « strictement interdite » dans « certaines zones sensibles et vulnérables, comme par exemple dans et sous les zones désignées de protection d'eau potable », ont souligné les députés.
Un amendement déposé notamment par les Verts, et qui demandait l'interdiction générale de cette technique, a en revanche été rejeté.
Lors du débat qui a précédé le vote, le commissaire chargé de l'Environnement Janez Potocnik, a assuré aux députés que la Commission allait « clarifier » son cadre réglementaire et évaluer « comment prévenir les risques ». De toute façon, a-t-il souligné, le développement de cette source d'énergie dépendra de la tolérance par l'opinion publique à la fracturation hydraulique.
Son collègue chargé de l'énergie, Günther Oettinger, a quant à lui souligné que les gaz de schiste et le schiste bitumineux pouvaient être une source de diversification de l'énergie consommée en Europe, mais que, au vu des coûts d'exploitation de cette ressource (supérieurs à ceux constatés aux Etats-Unis), elle ne pourrait jamais couvrir l'ensemble des besoins.
A ce propos la première résolution reconnaît que « des investissements considérables sont indispensables à la création des infrastructures nécessaires », mais ajoute qu'ils devront « être pris en charge intégralement par l'industrie ».
Les Etats européens affichent des attitudes très divergentes sur la question de l'exploitation des gaz non conventionnels.
Si la fracturation hydraulique a été interdite en France et en Bulgarie en raison des risques de pollution des nappes phréatiques, la Pologne a en revanche annoncé des investissements massifs dans ce secteur.
Avant le vote, une trentaine de députés écologistes et d'extrême gauche ont manifesté contre les gaz de schiste devant le bâtiment du Parlement. Ils brandissaient des pancartes proclamant « Gaz-toi pauvre con » ou « Inutile d'inschister, on ne veut pas de cette gazastrophe ».