« Si tu veux aller vite, vas-y seul ; mais si tu veux aller loin, allons-y ensemble. » Voici le proverbe africain que Serge Paran a utilisé hier à Paris pour conclure l'assemblée générale de l'Union nationale des coopératives agricoles d'élevage et d'insémination animale (Unceia) qu'il préside. Cet appel à "jouer collectif" s'adressait à ses adhérents, aux organismes de sélection et aux entreprises chargées du contrôle de performances.
Pour l'Unceia, c'est l'approche collective qui a permis à l'Hexagone de « se placer en 2009 en tête des pays utilisant les données génomiques pour indexer leurs futurs reproducteurs, assure Serge Paran. Le chemin qui mène à l'excellence en génomique ne s'improvise pas et il convient d'investir dans ce secteur de façon raisonnée et collective. » L'accès à ces nouvelles technologies est effectivement coûteux et s'inscrit dans la durée.
« Certes, je comprends le soucis des uns et des autres de se différencier de leurs concurrents, poursuit-il. Cela est possible mais impose que l'on sépare bien les travaux de fond qui permettront la mise au point de techniques innovantes des travaux d'application à tel ou tel caractère pour créer la différence entre entreprises. »
Le président de l'Unceia a également annoncé que le temps était venu pour les races allaitantes et laitières à petits effectifs d'accéder à la génomique dans « un nouveau cadre de partenariat, insiste-t-il. Ce consortium proposé par les entreprises de sélection [...] doit être ouvert aux organismes de sélection ainsi qu'aux associations d'éleveurs. Nous appelons à une mobilisation des plates-formes génétiques existantes pour peu qu'elles disposent de compétences avérées et qu'elles partagent loyalement cette ambition ».
Ce jeu collectif déborde maintenant de nos frontières puisque l'Unceia a tissé un partenariat avec des fédérations d'entreprises de sélection allemande, danoise, finlandaise, suédoise et néerlandaise pour créer Eurogenomics. La population de référence qui sert à l'indexation des taureaux prim'holsteins comprend maintenant 15.000 individus, laissant d'espérer des coefficients de détermination de l'ordre de 0,7.
« Il faut une fois pour toutes reconsidérer les relations entre entreprises de sélection et entreprises de contrôle de performances, a-t-il insisté. Plus que jamais, [...] les intérêts sont liés et j'invite tous leurs dirigeants à trouver ou à renforcer les convergences indispensables. » Et par les temps qui courent, à l'heure où l'informatique embarquée dans les salles de traite leur apporte beaucoup de données, les éleveurs pourraient être tentés d'alléger leur charge en reconsidérant leur adhésion au contrôle laitier.