L'ONG allemande Foodwatch presse l'Europe d'appliquer le principe de précaution sur le glyphosate, alors que la Commission européenne doit décider, d'ici à la fin de l'année, de reconduire ou non pour dix ans l'autorisation de cet herbicide très répandu, soupçonné d'être cancérigène.
La Commission européenne « détient un outil puissant » pour protéger les citoyens contre le glyphosate, classé cancérigène « probable » en mars 2015 par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a expliqué lundi à l'AFP Ingrid Kragl, directrice de l'information de Foodwatch France. Le glyphosate est l'ingrédient principal du désherbant Roundup du géant américain Monsanto.
Le processus de réévaluation du risque mené par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), sur lequel s'appuiera la Commission pour prendre sa décision, « est une farce », dénonce Mme Kragl. « L'industrie exerce une pression inacceptable : un tiers des experts d'un comité travaillant sur ce dossier sont employés par les géants de l'industrie chimique », estime l'ONG dans un communiqué. Ce comité dépend de l'organisme allemand d'évaluation des risques Bundesinstitut für Risikobewertung (BFR), chargé de remettre un rapport sur lequel l'EFSA basera son avis, l'Allemagne ayant été désigné comme rapporteur au nom de l'ensemble des Etats-membres.
Décision « dès l'automne »
Selon Foodwatch, la décision européenne pourrait être rendue « dès l'automne ». L'ONG appelle donc les ministres français de l'Agriculture et de l'Environnement à peser dans les discussions afin que l'autorisation du glyphosate ne soit pas renouvelée. Si le glyphosate est de nouveau autorisé pour dix ans, « la France sera obligée de respecter la réglementation européenne. On ne peut pas l'interdire à la vente », souligne Mme Kragl.
La ministre de l'Environnement, Ségolène Royal, a demandé en juin aux jardineries de ne plus vendre le Roundup en libre-service à partir du 1er janvier 2016, mais le produit restera disponible en passant par un vendeur certifié. « Tant que l'innocuité du glyphosate ne sera pas prouvée, il ne devrait plus être permis de l'utiliser », fait valoir Mme Kragl.