Pas facile de gérer l’herbe cette année! Dans la plupart des régions, la météorologie a pourtant été favorable à la pousse. Les quantités de matières sèches produites par hectare sont conformes aux moyennes de référence. Son exploitation est en revanche parfois plus problématique. La sortie des animaux au pâturage a souvent été retardée de quinze jours, voire trois semaines par rapport à celle d’une année moyenne.
«L’humidité sur des sols peu portants n’a pas permis une mise à l’herbe précoce des troupeaux, constate Sabine Batteguay, ingénieur en charge des fourrages pour le grand Ouest chez Arvalis. Aujourd’hui, mieux vaut d’ailleurs laisser ''reposer'' un peu les surfaces qui pourraient avoir souffert. Du côté des récoltes d’ensilage, tout ne s'est pas toujours déroulé dans de bonnes conditions. Elles ont eu lieu au cours des semaines 19 et 20, et ponctuellement les pluies d’orage ont pu perturber les chantiers. Cela ne sera pas sans conséquences sur la qualité des stocks» Dans le même temps, certaines exploitations ont dû assurer les semis de maïs, ce qui a compliqué l'organisation du travail.
Dans le grand Est, en revanche, «les récoltes se sont bien déroulées, observe Didier Deleau, ingénieur en charge des fourrages pour cette zone chez Arvalis. Le 19 mai, une grande partie des ensilages étaient terminés. A la ferme expérimentale de Saint-Hilaire-en-Woëvre dans la Meuse, par exemple, nous avons récolté 2 tonnes de matière sèche par hectare (t de MS/ha) sur des prairies peu fertilisées (30 unités d’azote par hectare et par an). Les 40 à 50 mm de pluie tombée au cours du week-end des 17 et 18 mai laissent aussi augurer de bonnes repousses pour le mois prochain».
Plus au centre de la France, la mise à l’herbe a été tout aussi tardive. «Toutes les parcelles habituellement destinées au pâturage ne pourront pas être exploitées à temps, remarque Pascale Pelletier, ingénieur chez Arvalis à la ferme expérimentale des Bordes dans l’Indre. Il ne faut pas hésiter à retirer des parcelles pour les faucher et ainsi, se garantir des repousses de qualité». Ces stocks apporteront un peu plus de souplesse pour les rations hivernales et peuvent aider éventuellement à faire face aux sécheresses estivales. «L’affouragement tardif des vaches n'a d'ailleurs pas posé de problème car les récoltes de 2007 ont pu couvrir ces besoins», note Pascale Pelletier.
«La pousse est très active en mai avec des jours de beau temps et une pluviométrie conformes à la moyenne, constate de son côté Stéphane Violleau, de la chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme. Elle a rattrapé le retard pris en mars et avril en raison des températures un peu plus fraîches. Mieux vaut sortir du cycle de pâturage les parcelles dont la hauteur d'herbe dépasse 15 cm pour éviter le gaspillage. Concernant les récoltes d'ensilage, les premières réalisées en plaine étaient un peu moins productives que d'habitude. Les repousses qui ont suivi vont toutefois rattraper ce déficit. Les récoltes de la mi-mai se situent plus dans la moyenne.»
Il ne faut pas hésiter à faucher les parcelles du cycle de pâturage pour favoriser des repousses de qualité.
