Vieillevigne (Loire-Atlantique), le 16 septembre. Il est tard, 21 heures passées. Malgré la pluie et l'heure tardive, 80 éleveurs laitiers se sont déplacés jusqu'à la salle polyvalente. Ils viennent en majorité des villages alentours, mais une dizaine de Vendéens sont également présents.
Parmi eux, des adhérents de la Confédération paysanne, de la Coordination rurale, des membres de l'Association des producteurs de lait (Apli) et des non-syndiqués. Des grévistes et des non-grévistes, des jeunes installés et des plus âgés. Ils viennent aux informations sur le mouvement de grève du lait, lancé depuis bientôt une semaine. Malgré les soucis, les éleveurs apprécient visiblement ce moment de rencontre et de débats. Depuis le début du mouvement, ils se sont déjà réunis plusieurs fois, pour se donner du courage, se réconforter, discuter...
Gérard Durand, ancien porte-parole national de la Confédération paysanne et secrétaire général pour les Pays de la Loire, et Alain Templier, ancien président de l'UDSEA (tendance FNSEA) de la Loire-Atlantique, animent la réunion. Gérard Durand relate les événements du Space, avant de lancer le débat sur la suite à donner au mouvement. Certains appellent à un «relai». Ils évoquent une grève tournante, entre éleveurs d'un canton, voire entre départements.
L'Apli suggère une journée «épandage de lait», à l'image de l'action spectaculaire des éleveurs belges, qui ont déversé 3 millions de litres de lait dans un champ. Visiblement, l'idée séduit. Un appel sera lancé auprès de tous les grévistes, mais aussi auprès des non-grévistes sympathisants, pour remplir une à deux citernes par commune et se retrouver le 18 septembre. Il reste à trouver le lieu. Finalement, il s'agira de Grandchamps-des-Fontaines (périphérie nord de Nantes). En revanche, les blocages de camions de collecte n'emportent pas l'adhésion.
Un éleveur interroge les leaders de la réunion sur l'ampleur de la participation. Il est visiblement inquiet. La motivation dépend aussi de la mobilisation dans les pays voisins. Un autre raconte que Lactalis lui a envoyé un courrier lui demandant de lui signifier par écrit à quel moment il comptait reprendre la collecte. «Le ton de cette lettre est agressif, il s'agit d'une intimidation», commente une éleveuse.
Enfin, Gérard Durand et Alain Templier alertent sur les risques de division, qui feraient «le jeu de la FNSEA». Ils rappellent qu'il est indispensable que le mouvement reste «unitaire», sans jeter l'opprobre sur les non-grévistes.
Enfin, il est temps d'aller boire un petit verre. Dans un coin, les Vendéens se concertent. Il est déjà minuit.