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Au lendemain de la «journée blanche» des producteurs de lait en grève, le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire a tenté samedi de désamorcer le conflit en promettant le soutien de l'Etat. Le message a été bien accueilli mais n'a pas suffi à mettre fin au mouvement.
Le ministre a reçu tour à tour les syndicats agricoles. Il leur a proposé des «accords» entre les producteurs de lait et les industriels «sous le contrôle» des pouvoirs publics afin de «garantir un revenu stable». «On ne les laissera pas dans un face à face avec les industriels», a-t-il promis.
Après la colère «blanche» vendredi, avec des millions de litres de lait épandus par des producteurs, le ministre de l'Agriculture a tenu à nuancer son discours et à bannir de son vocabulaire le mot «contractualisation», chiffon rouge pour de nombreux agriculteurs. Le projet de «contrats» entre producteurs et industriels, solution prônée jusque-là par le gouvernement, «fait peur» car les agriculteurs redoutent que «les industriels dictent toutes les conditions» et les transforment «en salariés», a expliqué M. Le Maire.
D'où l'idée de proposer des «accords» entre producteurs et industriels «sous le contrôle de la puissance publique» et assortis de «rapports de force équilibrés».
Les modalités de cette «participation des pouvoirs publics» seront fixées lors d'une rencontre entre l'Etat et toute la profession prévue le 1er octobre. Parmi les options à l'étude figurent «la mise en place d'un régulateur national» et la possibilité de «définir par la loi» le cadre des accords.
«Je ne ferai rien contre les règles européennes», a assuré M. Le Maire, interrogé sur la compatibilité de ce projet avec la législation sur la concurrence.
Les syndicats espèrent que ce geste ne sera pas seulement d'ordre sémantique.
«Le ministre a abandonné la notion de contractualisation, c'est une première victoire», a commenté le secrétaire national de la Confédération paysanne, André Bouchut. Son mouvement compte néanmoins «durcir la grève» la semaine prochaine, histoire de maintenir la pression.
«Le ministre a compris» qu'il doit trouver une «solution européenne», mais «les producteurs ne vont pas décider d'achever ce mouvement sur de simples déclarations», a résumé François Lucas, président de la Coordination rurale. «Il faut maintenant mettre en place une régulation européenne de la production de lait digne de ce nom. J'attends que le président de la République monte lui aussi au créneau et qu'il prenne conscience de la gravité de la situation», a-t-il relevé.
Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA, a demandé au ministre de plaider auprès des banques en faveur d'«une année blanche» avec «report des annuités des emprunts». La FNSEA «comprend le désarroi» des producteurs, mais refuse d'appeler à la grève, comme Jeunes Agriculteurs, également reçus par le ministre. William Villeneuve, président de JA, a souhaité d'abord que soit réorganisé le marché du lait «pour maintenir les prix au niveau européen».
«On travaillera ensuite sur les relations contractuelles avec l'interprofession», lesquelles «nous permettront d'aller aussi vers les transformateurs» a estimé W. Villeneuve. Selon lui, c'est ainsi qu'on pourra préserver des jeunes sur les exploitations laitières, et que l'avenir de la production laitière sera assuré.
Autre tentative pour répondre à la détresse des producteurs révoltés contre la chute des prix, Bruno Le Maire doit réunir lundi en fin de journée les banques, les assurances et la Mutualité sociale agricole (MSA), avec l'espoir d'obtenir d'eux un geste de «solidarité à l'égard de la profession agricole». Concrètement, le ministre a appelé les banques à accepter des «étalements d'intérêts d'emprunt» qui «soulageront la trésorerie des producteurs de lait en France».
Pendant les discussions, l'action sur le terrain se poursuivait, mais de manière plus mesurée. Unis dans un même combat, contre la fin des quotas, producteurs français et allemands ont rallié le pont transfrontalier de Kehl et ont jeté le contenu de deux grands pots à lait dans le Rhin.
Les éleveurs réclament un prix minimal entre 350 et 400 euros les 1.000 litres, contre 260 à 280 euros actuellement en France. Si la Commission européenne a proposé jeudi des mesures pour faire face à la crise, elle ne compte pas revenir sur l'abolition du système des quotas, programmée pour 2015.
Par ailleurs, la Pologne s'est ralliée lundi à l'initiative franco-allemande appelant à une nouvelle régulation du secteur laitier pour accompagner la suppression des quotas, portant à 19 le nombre de membres de l'UE favorables à ce texte.
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