Le monde se dirige «vers des crises alimentaires et sans doute, dans certaines régions, vers des famines», estime Henri Rouillé d'Orfeuil, président de Coordination Sud, coordination des ONG françaises de solidarité internationale, dans une interview parue vendredi dans les Echos.
Interrogé sur la crise alimentaire mondiale, ce responsable ajoute que «le désendettement finalement négocié pour une trentaine d'Etats risque de n'avoir aucun effet face à la hausse de leur facture énergétique et alimentaire».
«Aujourd'hui», toujours selon Henri Rouillé d'Orfeuil, «la montée des prix met en difficulté les consommateurs urbains, comme le montrent les émeutes qui viennent de se dérouler dans les villes de nombreux pays». «Il faut entendre ces deux crises, rurale et urbaine, et arrêter de les confronter ou d'occulter l'une ou l'autre», poursuit-il.
Après avoir rappelé que «les ONG ont lutté aux côtés des organisations paysannes pour que les prix agricoles remontent après deux décennies de baisse, et permettent de nouveau aux paysans de vivre de leur production», le président de Coordination Sud affirme que ces derniers «ne peuvent pas fournir des aliments gratuitement et résoudre les problèmes des urbains démunis».
Pour lui, il faut augmenter l'aide alimentaire d'urgence, «mais en veillant à ce qu'elle ne ruine pas la revitalisation des agricultures locales».
Interrogé sur le fait de savoir si les agrocarburants étaient responsables de l'envolée des prix, Henri Rouillé d'Orfeuil y ajoute «la sécheresse, la hausse des prix du pétrole, ainsi que l'évolution des régimes alimentaires». «Néanmoins, les ONG condamnent unanimement ces plans agroénergétiques», dit-il.
«Il faut relancer les agricultures locales avec des modèles de production économes en ressources (eau, énergie, intrants) tout en veillant à ce que, d'une part, la crise et, d'autre part, une meilleure rentabilité de la production agricole n'induisent pas une nouvelle vague de concentration foncière», affirme encore Henri Rouillé d'Orfeuil.