Cette année, les riziculteurs de Camargue pensent conserver leur territoire de production intact. «Depuis trois ans, nous perdons un millier d’hectares chaque année, déplore François Callet, président du syndicat des riziculteurs de France et de filière. Dans notre région, les producteurs ont le choix entre deux cultures: le blé et le riz. Ces dernières années, ils ont misé sur la première, car plus rémunératrice et moins contraignante en termes de conditions culturales.»
En 2008, la météorologie change la donne. Les pluies de ces derniers mois ont rendu les terrains très humides. «Si bien que la part des sols semés en blé est loin d’atteindre celle des campagnes précédentes», observe François Callet. Logiquement, les céréaliers devraient se tourner vers la culture de riz dont les semis s’effectuent entre le 20 avril et le 10 mai. Et ce d’autant que les cours du blé baissent actuellement plus vite que ceux du riz.
Autre argument en sa faveur, les pouvoirs publics ont autorisé, l’an passé, les riziculteurs à utiliser cinq nouvelles molécules contre les adventices. Un blanc-seing obtenu après une forte mobilisation. «Ces produits sont utilisés en Espagne et en Italie», fait valoir le président du syndicat.
Conséquence de l’arrivée de ces traitements, une augmentation des rendements: 6 t/ha contre un peu moins de 5 t/ha lors de la récolte précédente. La moisson de 2008 s’annonce ainsi légèrement supérieure à celle de l’an passé, malgré la baisse des superficies. Quasi achevée, elle devrait avoisiner de 95.000 à 100.000 tonnes de riz paddy (non blanchi) sur les 17.800 hectares semés, contre 90.000 tonnes en 2007.
Les cours, bénéficiant de la hausse de l’an dernier, sont partis sur les chapeaux de roue: 400 €/t le mois dernier. «Depuis, ils se sont repliés, 300-350 €/t, indique François Callet. L’an dernier, le cours moyen s’est situé à 220 €/t.» Difficile de savoir comment les prix vont désormais évoluer. Les échanges mondiaux de riz représentent 6 ou 7% de la production internationale. Un simple déséquilibre, entre l’offre et la demande, peut tout faire basculer.
L’IGP à la traîne 90% de la production de riz de Camargue bénéficie de l’IGP éponyme. Problème, seuls 10% des volumes sont commercialisés sous ce label. Pour y prétendre, les fameux petits grains doivent respecter plus d’une trentaine de critères. «Nous sommes allés trop loin, considère François Callet, président du syndicat des riziculteurs de France et de filière. Nous réfléchissons à une refonte du système, notamment en rassemblant certains critères sous une même norme.» |