Une fois de plus, les producteurs de salades d'hiver du Sud-Est affrontent la crise. Depuis la mi-février, le prix moyen de la salade « bord de champ » a chuté à 0,10 € la pièce, voire parfois à 0,07 €.
« A ce jour, nous restons à ces niveaux planchers, déplore Serge Mistral, qui produit 270.000 pieds de salade à Saint-Rémy-de-Provence (Bouches-du-Rhône). C'est largement en dessous du prix de revient, qui avoisine 0,30 €. »
La situation actuelle est à l'image de la campagne de 2008. A l'époque, 300 maraîchers avaient manifesté sur le Marché d'intérêt national de Châteaurenard pour protester contre l'effondrement des cours, dans cette région qui produit 400 millions de têtes de salade par an.
« La mévente est désormais conjoncturelle, se désole Claude Rossignol, président de la FDSEA des Bouches-du-Rhône. La trésorerie des exploitations est fragilisée par ces à-coups. Au point que certaines d'entre elles, après le marasme d'il y a trois ans, ont cessé leur activité. »
Climatologie, consommation atone, prix élevé au détail... le scénario se joue avec ces ingrédients. « Depuis le mois de novembre, les commandes sont en berne, remarque Serge Mistral. Les difficultés économiques grèvent les achats de produits frais. Par chance, la production, au début de l'hiver, a été peu importante du fait des températures très basses. Nos salades se sont vendues au niveau de leur prix de revient. »
Seule la batavia faisait exception, en raison d'un surcroît d'offre lié à des importations de l'Espagne et du Portugal.
Les choses se sont gâtées autour du 15 février : le redoux a accéléré la croissance des plantes. « Tous les bassins ont produit en même temps et en quantité importante », poursuit Serge Mistral.
La grande distribution a pris son temps pour répercuter la baisse du cours sur le prix de vente au détail. Les producteurs ont relevé les étiquettes : entre 0,60 et 0,99 € la pièce. « Si elle avait joué le jeu, nous aurions pu écouler plus facilement nos volumes », lance-t-il.
Dans un communiqué adressé aux distributeurs locaux, les producteurs ont fait connaître leur mécontentement. Devant la persistance de la morosité ambiante, ils craignent que la campagne de fruits et légumes de printemps et d'été prenne une tournure identique.