Des camions de fumier ont été déversés jeudi vers 21h00 devant les permanences des députés du PS et et l'UMP du Lot-et-Garonne par des agriculteurs en colère contre le projet visant à restreindre la délivrance des antibiotiques par les vétérinaires, a-t-on appris auprès de la Coordination rurale 47, organisatrice de cette manifestation, et des autorités.
L'action a été menée concomitamment devant les permanences de Lucette Lousteau (PS) à Agen, Jean-Louis Costes (UMP) à Villeneuve-sur-Lot, et Matthias Fekl (PS) à Marmande. Le déversement de fumier a eu lieu rapidement et sans heurts, selon Patrick Franken, le président de la Coordination rurale 47, syndicat majoritaire dans le département. La police a confirmé à l'AFP les opérations d'Agen et Villeneuve-sur-Lot, la gendarmerie celle de Marmande.
Les manifestants voulaient protester contre le projet de supprimer la délivrance de certains antibiotiques par les praticiens eux-mêmes, pour la confier aux pharmaciens. Malgré un recul du gouvernement lundi, les vétérinaires eux-mêmes ont été environ 2.000 à manifester à Paris mercredi, pour montrer leur vigilance avant la présentation du projet de loi amendé en conseil des ministres le 13 novembre.
« Si cette loi passait, le vétérinaire viendrait (dans les exploitations) démuni, et ferait son diagnostic et sa prescription sans avoir de quoi soigner l'animal, à la suite de quoi l'agriculteur devrait aller trouver le pharmacien parfois éloigné de quelques dizaines de kilomètres et rappeler le vétérinaire pour qu'il vienne soigner l'animal malade », a résumé M. Franken, pour qui « tout cela ferait perdre beaucoup de temps » et « risque d'émousser la relation entre l'agriculteur et le vétérinaire ».
Il a craint aussi que les vétérinaires jugent le métier « moins attractif » si cette loi passait, et que leur nombre diminue. « Ce serait dommage de donner aussi aux pharmaciens ce monopole-là, alors qu'ils n'ont aucune connaissance en santé animale », a-t-il ajouté. Pour ce responsable, « le gouvernement manque de discernement et de bon sens, comme pour l'écotaxe, et il encourage la récession plus que la croissance ».
Indiquant que cette action « était aussi un peu en écho à ce qui se passe en Bretagne », il a évoqué « l'exaspération des forces vives du pays », et jugé « scandaleux la façon dont les députés gèrent les deniers publics ».
M. Franken a en revanche affirmé que la Coordination rurale 47 n'était pas responsable de l'incendie d'un dispositif écotaxe à Castillonnès dans la nuit de mercredi à jeudi.