Laisser aux Etats membres la possibilité d'interdire la commercialisation d'un OGM sur leur territoire s'apparenterait à une « fausse bonne idée », estiment les fabricants d'aliments du bétail.
La Commission européenne « envisage de laisser aux Etats membres de l'Union européenne la possibilité d'interdire ou de limiter la commercialisation d'OGM sur tout ou partie de leur territoire. Cette fausse bonne idée générerait des distorsions de concurrence manifestes au sein du marché unique européen », estime le Syndicat national de l'industrie de la nutrition animale (Snia) dans un communiqué du 8 avril 2015.
« Le Snia alerte les pouvoirs publics ainsi que l'ensemble des acteurs de la chaîne alimentaire sur les conséquences dramatiques de cette orientation si elle venait à être confirmée. Certes, en France, 80 % des matières premières utilisées dans l'alimentation animales sont d'origine française. Toutefois, pour pallier le déficit de protéines destinées à l'alimentation animale et pour assurer un approvisionnement en matières premières compétitives, l'élevage français a besoin des importations, notamment de tourteaux de soja dont une quantité significative est issue de graines génétiquement modifiées. »
« Très net renchérissement des coûts de production »
« Limiter la commercialisation d'OGM en France induirait un très net renchérissement des coûts de production en élevage. A titre d'exemple, le soja garanti « sans OGM » est aujourd'hui 20 % plus cher que le soja génétiquement modifié. Or, les produits animaux (viande, lait, œuf) circulent librement à travers l'Europe et sont même soumis à une concurrence mondiale. Différencier les capacités d'approvisionnement en matières premières des différents bassins d'élevage en Europe, c'est générer des écarts de compétitivité insurmontables. »
« Au-delà des répercussions économiques désastreuses, ce sont les principes fondamentaux du marché commun qui sont aujourd'hui bafoués. Renationaliser des décisions qui jusqu'à aujourd'hui étaient harmonisées est une décision lourde de conséquences à long terme. Le Snia appelle les commissaires européens à un vrai débat, au-delà des problèmes bien réels posés par le processus de décision actuel », conclut le Snia.