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OGM

En France, un accueil réservé pour la pomme de terre Amflora

Publié le mercredi 03 mars 2010 - 18h12

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Alors que la pomme de terre transgénique Amflora, de BASF, a été autorisée à la culture par une décision rendue mardi par la Commission européenne, la France a indiqué qu'elle attendrait l'avis du Haut-Conseil des biotechnologies (HCB) pour arrêter sa décision.

 

« Le gouvernement français décide de saisir le Haut-Conseil des biotechnologies (HCB), entre autres, sur la présence, dans cette pomme de terre, d'un gène marqueur de résistance à un antibiotique », indique un communiqué conjoint des ministères de l'Agriculture et de l'Ecologie. De manière plus générale, la France souhaite « qu'il n'y ait plus d'autorisation d'OGM sans le renforcement de l'expertise scientifique communautaire, en application des conclusions adoptées à l'unanimité par les Etats membres lors du conseil européen des ministres de l'Environnement du 4 décembre 2008. »

 

Amflora est génétiquement modifiée pour présenter un taux d'amylopectine plus élevé, afin d'optimiser son utilisation par l'industrie du papier notamment. Mais une autre de ses particularités est de contenir un gène marqueur de résistance à des antibiotiques (nptII). Ce point soulève des interrogations, dans la mesure où les antibiotiques concernés (kanamycine et néomycine) sont utilisés en médecine humaine et classés comme « antimicrobiens de haute importance » par l'Organisation mondiale de la santé. La crainte est de voir émerger des populations de bactéries résistantes et de rendre les antibiotiques inefficaces à long terme.

 

Au terme d'un long processus d'évaluation scientifique, l'Efsa (Autorité européenne de sécurité sanitaire des aliments) a estimé scientifiquement négligeable le risque de propagation de la résistance aux antibiotiques due à l'utilisation de ces gènes marqueurs.

 

Selon l'Efsa, « la kanamycine est utilisée comme antibiotique de deuxième ligne pour le traitement des infections liées à la tuberculose multi-résistante aux médicaments (MTB); la résistance croissante de la MTB à ces antibiotiques pose un problème au niveau mondial. Cependant, les groupes scientifiques ont observé que le nptII n’était pas impliqué dans la résistance à la kanamycine dans le traitement de la MTB. » (1)

 

Dès l'annonce de l'autorisation de culture de la pomme de terre Amflora, plusieurs organisations sont montées au créneau. Remettant en cause l'indépendance et le fondement scientifique des avis rendus par l'Efsa, elles réclament d'étendre à la pomme de terre OGM le moratoire déjà en place à l'encontre du maïs Mon 810.

 

« Les avis de l'[Autorité sanitaire de sécurité des aliments] sont irrecevables car utilisant des données scientifiques non fondées », accuse France Nature Environnement, faisant référence au dossier du Mon 810 pour lequel le HCB avait émis un avis réservé en raison de la « faiblesse statistique » des tests présentés par la firme et analysés par l'Efsa. « Puisque [l'Efsa] n'a pas changé ses méthodes d'évaluation ni sa façon de fonctionner, nous ne voyons pas comment elle pourrait émettre des avis fondés scientifiquement », estime Lylian Le Goff, coresponsable de la mission biotechnologies de FNE.

 

La Confédération paysanne estime que « la Commission européenne préfère BASF à la santé, à l'environnement et aux droits des paysans », mettant également en doute l'indépendance de l'Agence européenne. Estimant les biotechnologies « dangereuses et absolument inutiles », l'organisation syndicale souligne que « d'autres pommes de terre existent, non modifiées génétiquement, et qui ont une haute teneur en amidon. » Elle annonce qu'elle « poursuivra son combat contre les autorisations de mise en culture et d'importations d'OGM, [qui] ne servent qu'à mettre les paysans sous la dépendance des multinationales et de leurs brevets, à détruire la biodiversité agricole, à contaminer les semences paysannes pour imposer partout la brevetabilité du vivant. »

 

Interrogée mercredi au Salon de l'agriculture, la secrétaire d'Etat à l'Ecologie, Chantal Jouanno, a regretté que la Commission européenne n'ait pas respecté l'avis des Etats membres qui avaient demandé, en décembre 2008, un renforcement de l'expertise sur les enjeux environnementaux. « On ne dit pas définitivement non aux OGM, a-t-elle tempéré. Mais aujourd'hui, je vois bien les intérêts financiers, mais pas l'intérêt pour la société. »

 

_____ 

(1) http://www.efsa.europa.eu/EFSA/efsa_locale-1178620753816_1211902569389.htm

 

B.L.


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