Les ministres européens de l'Agriculture ont recalé lundi à Bruxelles une proposition de la Commission visant à laisser aux Etats la décision de permettre ou non la culture d'OGM sur leur territoire. Cette proposition controversée devait permettre de sortir du blocage actuel.
La France et l'Italie ont mené la fronde, soutenus par la plupart des autres grands pays agricoles, notamment l'Allemagne et l'Espagne, préoccupés par un risque de « renationalisation » des politiques communes de l'Europe.
« Le chacun-pour-soi mine les fondements de la politique agricole commune », a affirmé le ministre de l'Agriculture italien, Giancarlo Galan, en marge d'une réunion avec ses homologues de l'UE.
Son homologue français, Bruno Le Maire, a fait preuve de la même fermeté.
« Ce n'est pas dans un ou deux mois que nous trouverons un compromis et un consensus » sur la question, a estimé la ministre belge de l'Agriculture, Sabine Laruelle, dont le pays préside l'UE.
La décision finale reviendra aux ministres de l'Environnement qui se réuniront le 14 octobre 2010 à Luxembourg. Leurs conclusions ne devraient pas apporter beaucoup de réconfort à la Commission européenne, car ils sont encore plus réticents que leurs collègues de l'Agriculture.
Le commissaire européen à la Santé, John Dalli, en charge du dossier, n'entend pas pour autant renoncer. « Le système actuel d'autorisation ne fonctionne pas », a-t-il rappelé.
A chaque fois, aucune majorité ne parvient en effet à se dégager entre les Etats pour autoriser ou interdire la commercialisation ou la culture des OGM. « La Commission doit décider par défaut », ce qui aboutit le plus souvent à un blocage, a-t-il souligné.
Il justifie sa proposition par la multitude de conflits entre Bruxelles et les Etats. Six pays (France, Allemagne, Hongrie, Luxembourg, Grèce, Autriche) ont en effet interdit la culture du Mon 810 sur leur territoire par des clauses de sauvegarde contestées par la Commission.
Un septième pays, la Pologne, a interdit toutes les cultures d'OGM. Lui aussi est attaqué par la Commission.
Seuls deux OGM sont actuellement cultivés dans l'UE :
- le maïs Mon 810 du groupe américain Monsanto, qui attend le renouvellement de son autorisation,
- et la pomme de terre Amflora développée par le groupe allemand BASF.
Quinze autres OGM, pour la plupart des semences de maïs, demandent une autorisation de culture.