Visionnez l'interview de Jean-Michel Lemétayer. |
«Le bilan de santé de la Pac n'est pas un sujet facile à la FNSEA», a avoué d'emblée Jean-Michel Lemétayer, lors d'une conférence de presse, jeudi matin. Sans se risquer à entrer dans la mécanique de la «boîte à outils», il a insisté sur le fait que cette réforme devait «répondre à une logique économique et politique».
Pour la FNSEA, pas question de se laisser entraîner dans une opposition entre éleveurs et céréaliers. Le lien entre les deux productions est réel et incontournable. Néanmoins, le président du syndicat reconnaît qu'il faut «faire bouger les lignes, car en 2013 nous ne pourrons plus défendre une référence historique qui date de 1992». Pour en sortir, il réclame de la souplesse, de la flexibilité et de la réactivité.
Concernant l'élevage, la FNSEA attend du bilan de santé de la Pac qu'il lui redonne des perspectives d'avenir. «Dans l'application de ces mesures, il faut une vraie reconnaissance du rôle économique de la production à l'herbe, sans renier les autres systèmes fourragers. Compte tenu du devenir des quotas laitiers, il est important d'anticiper avec des mesures spécifiques au lait de montagne et aux zones de piémont pour maintenir l'agriculture sur l'ensemble du territoire», a insisté le président de la FNSEA.
Quant au secteur des grandes cultures, il a demandé que cessent les attaques de toutes parts. «Je veux défendre les céréaliers comme les éleveurs, pas les uns plus que les autres. Il n'y a pas de grands méchants. Le bilan de santé de la Pac ne doit pas les mettre au pilori. Il faut garder les bons équilibres au regard des marchés qui ont perdu leurs filets de sécurité. Le bilan de santé de la Pac ne peut pas avoir pour seuls financeurs les céréaliers, a-t-il insisté. Il faut mettre toutes les aides sur la table et appliquer des prélèvements acceptables».
Pour autant, il ne se dit pas favorable à un découplage total de la PMTVA (prime au maintien du troupeau de vaches allaitantes). Dans la perspective de 2013, il appelle à rapprocher progressivement les niveaux de paiement, sans toutefois aller jusqu'à une aide unique à l'hectare.
Pour Jean-Michel Lemétayer, la réforme ne doit pas se limiter à une seule distribution de DPU (droit à paiement unique). «Ceux qui comptent sur de bons DPU font fausse route, assure-t-il. Ils ne suffisent pas à assurer l'avenir». Le président de la FNSEA estime qu'il faut en parallèle un système d'assurance récolte et des organisations de producteurs efficaces.
Enfin, sur le second pilier de la Pac (développement rural), «budgétairement loin d'être neutre», le syndicat appelle à une consolidation du financement national. S'il y a augmentation de la modulation, il «exige qu'elle ne soit pas une occasion de désengagement de la France sur la montagne, les handicaps naturels et l'installation. Au contraire, il faut aller plus loin, notamment en utilisant ces moyens pour développer l'agriculture bio».
Jean-Michel Lemétayer sait d'avance que «tout le monde ne sera pas content». Mais, «tout ce qui sera fait doit nous permettre de légitimer nos demandes pour la Pac après 2013», a-t-il conclu.
Lire également:
-
Pac/Bilan de santé: «Michel Barnier doit aller au bout de son ambition» (Fnab) (12/02/2009)
-
Pac: JA manifeste contre l'instauration d'une aide unique à l'hectare (10/02/2009)