Le gouvernement a affiché lundi son intention de faire la chasse aux perturbateurs endocriniens (PE), des substances suspectées de nuire à la santé et d'être liées à l'explosion de certains cancers.
« Notre objectif est de diminuer autant que possible l'exposition de la population aux perturbateurs endocriniens pour nous préserver de leurs impacts sanitaires et environnementaux », a souligné la ministre de l'Ecologie Delphine Batho à l'ouverture d'un colloque organisé par l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) sur les effets de ces produits sur la santé et l'environnement.
Substances naturelles ou de synthèse, les PE tels que le Bisphénol A, les phtalates, les PCB (polychlorobiphényles)... sont répandus dans notre environnement : contenants alimentaires, pesticides, résidus médicamenteux dans l'eau, plastiques...
En interférant avec le fonctionnement des glandes endocrines qui sécrètent les hormones, les PE sont soupçonnés d'altérer la croissance, le développement, le comportement, et d'être à l'origine de certains cancers.
La France se veut « pionnière » en matière de « prévention des risques sanitaires environnementaux et en particulier sur la question des perturbateurs endocriniens qui doit être un chantier prioritaire », a insisté lundi la ministre.
« C'est un enjeu sanitaire et environnemental de premier ordre, car au fur et à mesure que les connaissances se développent et que de nouvelles évaluations sont disponibles, nous découvrons que des substances, parfois très répandues, sont susceptibles d'avoir des effets importants sur la santé », a plaidé Delphine Batho.
La ministre a confirmé la mise en place d'un groupe de travail, réunissant gouvernement, députés, ONG, professionnels et experts, pour élaborer d'ici à juin 2013 une « stratégie nationale » pour réduire les risques liés à l'exposition aux PE.
Pour le directeur général de l'Anses, Marc Mortureux, les perturbateurs endocriniens restent un « sujet difficile » avec « beaucoup de controverses au sein de la communauté scientifique ». « On a d'un côté des constatations », comme la hausse du nombre des cancers hormono-dépendants de la prostate et du sein, et « de l'autre côté des suspicions d'effets » par les PE. Mais s'agissant d'effets durables et à long terme sur la santé « il ne faut pas attendre d'avoir des preuves absolues pour agir », juge-t-il.