Le classement de cinq pesticides comme cancérogènes probables ou possibles par l'OMS, est « un signal qui doit nous alerter », a réagi mercredi la ministre de la Santé, Marisol Touraine, qui ne s'est cependant pas prononcée dans l'immédiat sur une interdiction des deux substances encore utilisées.
« C'est évidemment un signal d'une très grande importance qui doit nous alerter et nous mobiliser parce que nous ne pouvons faire comme si ces produits ne posaient pas des risques pour les utilisateurs », a-t-elle dit à l'Assemblée nationale, répondant à la députée Laurence Abeille (EELV), qui l'interrogeait sur ce que le gouvernement « compte faire pour parvenir à l'interdiction rapide de ces produits cancérigènes ».
Le gouvernement vigilant sur le glyphosate
Concernant le glyphosate, présent notamment dans le Roundup, l'un des herbicides les plus vendus, « il y a en cours une évaluation européenne de la toxicité de ces produits, qui devra ensuite faire l'objet d'une analyse précise par les agences sanitaires, mais je veux vous assurer que l'ensemble du gouvernement est très vigilant », a-t-elle dit.
Le ministre de l'Agriculture « Stéphane Le Foll a fait de la réduction des herbicides une des priorités pour lui, puisque les agriculteurs sont les premiers concernés par les risques de ces produits », a-t-elle ajouté.
Des questions autour de l'interdiction du malathion en Guyane
Concernant le malathion, elle a évoqué la décision de la Guyane de suspendre son usage dans le cadre de la lutte contre le chikungunya.
« Le malathion a été utilisé de manière dérogatoire notamment en Guyane pour faire face au chikungunya, qui était résistant à tous les autres insecticides. Depuis l'annonce de l'OMS, l'utilisation de ce produit a été suspendue, et les agences sanitaires vont être amenées à se pencher sur la question de savoir ce qu'elles devront préconiser en cas de nouvelle épidémie face à l'inefficacité d'autres produits », a dit la ministre.
Les autorités guyanaises, qui ont suspendu lundi par précaution l'usage du malathion, attendent une décision de l'Etat, alors que le produit était encore pulvérisé sur le territoire lundi matin. « Le principe de responsabilité et de précaution nous oblige à suspendre les pulvérisations de ce produit jusqu'à ce que nous ayons la décision de l'État sur ce dossier », a annoncé lundi Alain Tien-Liong, président du conseil général de la Guyane.
Quant aux trois autres des cinq substances classées vendredi cancérogènes « probables » ou « possibles » par l'agence du cancer de l'OMS (IARC), les insecticides diazinon, tetrachlorvinphos et parathion sont déjà interdits en France, a indiqué Mme Touraine.