A la demande des ministères en charge de l’Agriculture et de l’Ecologie, l’Inra a réalisé une étude sur la faisabilité et l’impact de la réduction de l’usage des produits phyto et sur les dispositifs à mettre en place pour y parvenir.
L’institut a ainsi présenté jeudi les résultats de l'étude Ecophyto R&D, qui montre qu’il est possible de réduire l’utilisation des pesticides de 20 % au niveau national, sans bouleversement des systèmes de culture et sans impact sur la production et les marges (en se plaçant dans un contexte de prix et de pression parasitaire en 2006). En revanche, une réduction de 50 % supposerait des changements profonds (nouvelle conception des systèmes de production, modifications au niveau des filières et marchés) et entraînerait une baisse du niveau de production et des marges.
Le premier volet de l’étude consiste à créer et évaluer des scénarios de réduction d’usage portant sur des niveaux de rupture progressifs : protection raisonnée, protection intégrée, production intégrée et agriculture biologique.
Cette première partie s’attache aussi à la compréhension des stratégies d’acteurs pour la diffusion des pratiques alternatives aux phytos. Il a été mis en évidence que de nombreux acteurs réalisent une communication intense sur divers médias, mais que cette communication ne porte que sur un petit nombre de techniques.
Les acteurs évoquent un manque de connaissance des autres pratiques ainsi qu’une incompatibilité de certaines de ces solutions avec les exigences des filières. « Il faudra donc une évolution forte des systèmes de production, mais aussi de tous les acteurs des filières pour atteindre les objectifs ambitieux du plan Ecophyto 2018 », souligne Jean-Marc Meynard, directeur de recherche à l’Inra de Grignon.
Dans un deuxième volet, les experts se sont penchés sur l’organisation d’un réseau d’acquisition de références techniques et l’élaboration d’un système d’information correspondant, « outils indispensables à l’adoption de systèmes de culture économes en phytos », commente Raymond Reau, ingénieur de recherche à l’Inra de Grignon.
Ils proposent un réseau constitué de 50 sites d’expérimentations pluriannuelles en rupture forte et de 800 fermes pilotes conduites en rupture plus modérée et suivies par un ingénieur-conseil par petits groupes régionaux. Les résultats de ce réseau expérimental seront stockés sur une base de données facilitant les échanges entre expérimentateurs.
Pour encourager la création de nouveaux outils d’aide à la décision et le développement de nouvelles solutions alternatives, ce réseau s’appuiera sur un appel d’offres permettant de financer les dix meilleures propositions pendant dix ans.
Un site internet collaboratif sera également mis en place pour mutualiser les ressources et développer les compétences. Un forum permettra aux utilisateurs d’interagir et de partager leurs expériences.
Cette étude a mobilisé environ 80 experts issus de l’Inra, des organismes de développement agricole, de l’enseignement supérieur et des services techniques des ministères.
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