Une petite centaine de professionnels du photovoltaïque se sont rassemblés mardi à Paris, à proximité du Palais de l'Elysée, pour demander au gouvernement de « revoir sa copie ».
Plusieurs textes réglementaires publiés samedi au Journal officiel prévoient notamment une baisse d'au moins 20 % des tarifs d'achat de l'électricité produite par les panneaux solaires.
« On nous a bernés avec une concertation bidon qui n'a servi à rien ! », a lancé Ariane Vennin, porte-parole du collectif « Touche pas à mon panneau solaire » (450 entreprises représentées), juchée sur un camion sur lequel avait été installé un panneau photovoltaïque factice pendu à une potence.
« Solaire, les professionnels rient jaune », assurait un panneau visible dans ce rassemblement auquel ont pris part des dirigeants et salariés de petites et moyennes entreprises du secteur, venus quatre fois moins nombreux qu'à la précédente manifestation organisée le 11 février à Paris.
« C'est le signe que la filière est dépitée, dégoûtée et même un peu résignée », a indiqué Mme Vennin, demandant au gouvernement de « revoir sa copie » après avoir annoncé, samedi, des textes qui, selon elle, vont entraîner « des dépôts de bilan » et menacent les « 25.000 emplois » du secteur.
Lundi, les professionnels du syndicat des énergies renouvelables (Ser) ont qualifié le nouveau cadre de régulation de l'énergie solaire de « coup de frein destructeur d'emplois » tout en appelant à ne « pas compromettre l'avenir de la filière ».
« Ces mesures vont plonger de très nombreuses entreprises dans des difficultés importantes », estime le Ser, dans un communiqué.
« Le gouvernement impuissant à réguler le secteur du photovoltaïque refoule l'avènement d'une nouvelle ère énergétique », estime quant à elle l'association Enerplan, qui représente les professionnels de l'énergie solaire, dans un communiqué distinct.
« C'est un choix difficilement justifiable qu'il faudra sous peu assumer, qui aura pour principale conséquence d'endommager la filière française soutenue depuis trois ans et ses 25.000 emplois », ajoute Enerplan.
« Si elle avait vécue une longue traversée du désert avant le printemps du Grenelle, la filière aborde des lendemains difficiles avec détermination », affirme l'association.
Les nouveaux arrêtés publiés par le gouvernement « confirment le coup d'arrêt porté à la filière française avec plusieurs dizaines de milliers d'emplois qui sont aujourd'hui menacés dans nos régions », a accusé l'Association des Régions de France (ARF) présidée par le socialiste Alain Rousset, dans un communiqué.
Selon elle, « la concertation organisée par le gouvernement n'aura pas eu de réelle influence sur une réforme déjà ficelée d'avance ».
« La production subventionnée sera limitée à un maximum de 500 MWc (mégawatts-crête) par an avec comme seule ambition d'atteindre l'objectif du Grenelle de 5.400 MWc en 2020 », poursuit-elle, relevant qu'en Allemagne la production totale installée était estimée a 18.000 MWc en 2010.
« A ce rythme, il faudrait plus de trente ans à la France pour rattraper son retard », observe l'ARF.
Elle accuse également le gouvernement d'avoir fait « l'impasse sur les projets des collectivités locales ». « Soumis aux contraintes des marchés publics, ces projets dont le modèle économique ne tient plus auront beaucoup de mal a voir le jour et sont aujourd'hui à l'arrêt », précisent-elles.
Le nouveau cadre de régulation du photovoltaïque prévoit à partir du 10 mars des tarifs d'achat fixés à environ 20 % en dessous du tarif en vigueur au 1er septembre 2010.
Ce nouveau cadre de régulation s'articule autour de deux dispositifs :
- des tarifs d'achat pour les installations sur bâtiments (de moins de 100 kWc, NDLR)
- et des appels d'offres pour les installations sur bâtiments de plus de 100 kWc et les centrales au sol.
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