Des salariés de la société d'abattage de porcs Gad SAS, en redressement judiciaire depuis février, bloquent l'abattoir de Lampaul-Guimiliau (Finistère) afin de réclamer de meilleures primes de licenciement. Les salariés se relaient nuit et jour depuis vendredi devant le site qui emploie 850 personnes, ainsi qu'une centaine d'intérimaires.
Dimanche matin, une quarantaine de personnes discutaient ou buvaient un café autour d'un feu de palettes sur le parking de l'entreprise. L'entrée de l'abattoir était bloquée par un amoncellement de pneus usagés et de fumier. Le site est fermé le week-end, mais les salariés bloquent symboliquement un lot de 1.400 porcs en attente d'abattage. « La direction veut les déplacer à Josselin, l'autre abattoir du groupe, mais pas question », explique un salarié.
Ce mouvement intervient alors que le tribunal de commerce de Rennes doit examiner mercredi le plan de continuation, qui prévoit notamment la fermeture du site de Lampaul-Guimiliau.
Un appel à la grève a été lancé pour lundi, à l'occasion de la tenue à Rennes d'un CCE qui doit préparer l'audience de mercredi. Des salariés finistériens ont prévu un déplacement à Rennes lundi. « Les gens sont exaspérés, fatigués, humainement ce plan social ne tient pas la route », a indiqué à l'AFP Jean-Marc Détivelle (FO), un des représentants syndical de l'abattoir. « Sauf rebondissement, Lampaul va fermer, et on discute avec la direction de primes de licenciement extra-légales ; au départ, ils ne prévoyaient que le minimum conventionnel », précise le syndicaliste.
Sur le parking, Sandra, enceinte, est venue en famille soutenir ses collègues. Cette mère de deux enfants travaille depuis 9 ans chez Gad. Son mari, son père et son beau-frère travaillent également à l'abattoir. « C'est tout le bassin d'emploi qui va être sinistré, il y a des gens qui ont construit des maisons, on aurait préféré un repreneur », explique Jacky, le père. Environ 70 couples travaillent chez Gad.
Dans son plan de continuation, Gad, dont l'actionnaire majoritaire est la coopérative agricole Cecab, prévoit la fermeture des sites de Lampaul-Guimiliau et de Saint-Nazaire. L'activité d'abattage et de découpe de Lampaul-Guimiliau serait ainsi recentrée sur le second abattoir du groupe à Josselin (Morbihan, plus de 600 salariés), où 343 emplois pourraient être créés. Ce plan prévoit également la fermeture du siège du groupe (54 salariés) à Saint-Martin-des-Champs, près de Morlaix.