Pour déconnecter le blé de la volatilité du marché, la coopérative vendéenne Cavac a lancé, lors d'une conférence de presse à Paris le 20 juin 2013, la filière « blé agri éthique France » permettant de fixer un prix à trois ans de l'agriculteur au boulanger, en passant par la meunerie et l'industrie agroalimentaire. Le contrat démarrera dès la récolte de 2013.
L'idée est de « lutter contre la financiarisation du marché du blé », indique Ludovic Brindejonc, directeur général agri-éthique France. Selon lui, « 80 % des engagements sur le marché à terme du blé sont liés à des financiers purs ». « Les fluctuations dépendent du climat, ou des politiques de restriction à l'exportation, des causes que ni les agriculteurs, ni les meuniers, ni les industriels ne peuvent maîtriser et qui ont des conséquences sur la pérennité des entreprises de la filière », souligne-t-il. Sa volonté est de décliner la démarche à d'autres régions que le pourtour vendéen, et pourquoi pas à d'autres produits que le blé, comme le lait ou les œufs...
« Depuis longtemps la Cavac essaie de mettre en adéquation son offre de produit avec les demandes finales, en adaptant les variétés cultivées notamment », explique Christophe Vinet, directeur céréales de la coopérative. En discutant avec les industriels de l'agroalimentaire il a pu constater que si les cahiers des charges qualité étaient désormais respectés, il restait que la fluctuation des prix rendait difficile la prise de position des industriels de la première et de la seconde transformation sur le marché du blé.
Autre élément important de la démarche agri-éthique, la valorisation des actions des agriculteurs pour limiter leurs impacts environnementaux et pérenniser la fertilité des sols.
Si les responsables de la démarche ont refusé d'indiquer à quel prix sera contractualisé le blé sur trois ans, Franck Bluteau, agriculteur vendéen, explique « qu'en dessous de 140 € par tonne on ne peut pas suivre, et qu'au-dessus de 260 €/t c'est l'industrie qui ne suit plus ». Il explique d'ailleurs n'avoir engagé que 20 % de sa production de blé sous le contrat de filière agri-éthique, se réservant le choix pour la commercialisation du reste de sa production en limitant sa prise de risque.
Au total, ce sont 116 agriculteurs de la Cavac qui se seraient engagés pour trois ans pour 23.000 tonnes pour le moment, et des producteurs de la coopérative CAPL pour 1.000 t. D'ici à trois ans, Christophe Vinet espère que cette démarche permettra de collecter 100.000 t à l'échelle de la France. La Cavac collecte au total 250.000 à 300.000 t de blé par an et estime qu'au maximum 30 % seront sous contrat agri-éthique à l'avenir.