Tout a commencé comme une manifestation classique. Le 20 mai 2010, des producteurs de lait se sont rassemblés devant la laiterie de Soignon à l’appel du Collectif des éleveurs de chèvres. Le motif de la grogne était la baisse du prix du lait qu’ont décidé de pratiquer toutes les laiteries, mais avec des montants variant de l’une à l’autre.
Le groupe Eurial-Poitouraine, dont fait partie la laiterie de Soignon, a annoncé une baisse de 38 €/1.000 l, quand les autres entreprises « se contentaient » de 12 à 29 €. Le collectif entendait ramener Eurial à de plus justes proportions.
Devant la fin de non-recevoir que leur a signifiée, Guy Maingret, le président d’Eurial, les manifestants ont décidé en fin de journée de retenir contre leur gré cinq dirigeants – cadres et administrateurs – de la laiterie.
En retour, la coopérative a décidé de ne pas effectuer la collecte de lait du lendemain. Dans la matinée, des éleveurs non collectés ont demandé aux manifestants de mettre fin à leur mouvement. Ces derniers se sont exécutés, la mort dans l’âme, la préfecture leur donnant de son côté un ultimatum avant d’envoyer les forces de l’ordre.
Le bilan est morose. Non seulement le mouvement a échoué, mais les éleveurs se sont désolidarisés les uns des autres, certains prenant fait et cause pour la laiterie, malgré la baisse de prix de 38 €/1.000 l qu’elle a décidé de leur appliquer. De plus, l’absence totale de négociation conforte le montant de cette baisse.
Pour la justifier, Eurial invoque une surproduction et des surstocks dont les producteurs contestent l’importance. Les éleveurs de chèvres, eux, ne comprennent toujours pas l'évolution du prix du lait de la laiterie. Le prix que pratiquait Eurial-Poitouraine était déjà inférieur au prix moyen des laiteries. Il sera désormais le plus faible.
Assainir le marché à quel coût ?
Dans un communiqué, la FRSEA du Poitou-Charentes « dénonce la baisse unilatérale du prix du lait de chèvre au-delà de l’accord interprofessionnel national ». Elle rappelle qu’elle avait proposé en février « un projet pour assainir le marché dans lequel les éleveurs participeraient financièrement (à hauteur de 10 €) ». Cependant, depuis, un autre document circule chez les éleveurs caprins. A l’en-tête de la FRSEA, de l’Association centrale des laiteries et des JA, il présente plusieurs propositions qui s’appuient sur une participation des entreprises, de l’État et des éleveurs, à hauteur respectivement de 6,936 millions d’euros, 5,496 millions et 13,992 millions. Ce dernier chiffre représente 29,15 €/1.000 l. |