Agriculteurs, distributeurs, industriels et consommateurs se sont retrouvés mercredi matin à Bercy pour examiner les engagements pris samedi par le gouvernement pour calmer la colère des agriculteurs qui dénoncent les marges réalisées par la grande distribution.
La réunion qui s'est tenue autour de Michel Barnier, ministre de l’Agriculture, et de Luc Chatel, secrétaire d’Etat chargé de l’Industrie et de la Consommation, a rassemblé les représentants de la FNSEA, des JA, de l’Ania (1), de Coop de France, de la FCD (2) et de la CGAD (3) et des consommateurs, indique un communiqué des ministères concernés.
Les présidents des commissions des affaires économiques de l'Assemblée nationale et du Sénat et celui de la Commission d'examen des pratiques commerciales étaient également présents.
En revanche, la ministre de l'Economie Christine Lagarde, dont la présence était souhaitée par la FNSEA, n'y assistait pas.
Jérôme Bédier, président de la FCD, représentait les enseignes de la grande distribution, Leclerc et Intermarché compris qui l'avaient exceptionnellement mandaté pour cette réunion.
«Tous les participants ont souhaité l’instauration d’une plus grande sérénité dans les relations entre agriculteurs, industriels et distributeurs», annonce le communiqué officiel du gouvernement à l'issue de la réunion.
Plusieurs chantiers ont été ouverts «en vue d’améliorer la transparence dans les mécanismes de formation de prix et la loyauté des relations commerciales», disent les ministères.
Le ministère de l'Agriculture et le secrétariat d'Etat à la Consommation prévoient «l’accélération des travaux de l’Observatoire des prix et des marges, avec des moyens renforcés par la désignation d’experts indépendants et le lancement d’études complémentaires».
Ils annoncent aussi «l’élaboration d’un guide de bonnes pratiques contractuelles entre les producteurs, les PME fournisseurs et les distributeurs», ainsi que «la préparation des dispositions du projet de loi de modernisation de l’agriculture et de l’agroalimentaire destinées à renforcer la contractualisation entre les agriculteurs et les transformateurs».
Dans le cadre du Conseil supérieur d’orientation de l’économie agricole et agroalimentaire, le gouvernement va ouvrir «une réflexion stratégique sur l’évolution des filières agroalimentaires», ajoute le communiqué.
Le dernier chantier ouvert lors de la réunion mercredi matin à Bercy concerne «l’élaboration de la position française sur l’indication du lieu de production des produits agricoles sur l’étiquetage des produits alimentaires dans le cadre des travaux européens sur la qualité des produits agricoles».
Un calendrier précis des travaux sera établi dans les prochains jours, selon le communiqué.
Les ministres ont insisté sur «la totale détermination du gouvernement pour une pleine application de la loi de modernisation de l’économie (LME), qui passera par un renforcement des contrôles au travers de la création de la brigade de contrôle de la LME au sein de la DGCCRF».
Ils «appellent avec force les différents acteurs à la responsabilité, à l’apaisement et au dialogue sur le terrain».
Dans un entretien aux Echos paru mercredi matin, Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA, a indiqué que son syndicat attendait «un engagement des industriels et de la distribution sur la transparence des prix et sur la loyauté des transactions» lors de la réunion avec leurs représentants.
Les distributeurs «prendraient un risque énorme à continuer de mentir» sur les marges, a-t-il prévenu. «Michel-Edouard Leclerc ment quand il prétend que nous connaissons parfaitement les marges», a-t-il affirmé, alors qu'une polémique l'oppose actuellement à M.-E. Leclerc, président de la centrale d'achat éponyme, sur ce sujet.
J.-M. Lemétayer a également répété que l'observatoire des marges, mis en place en décembre 2008 par le gouvernement, «ne fonctionne pas». Il faut qu'«il dispose enfin des factures lui permettant de décortiquer les marges», a-t-il estimé.
J.-M. Lemétayer, à la sortie de la rencontre de Bercy qui a duré près d'une heure et demie mercredi matin, a déclaré qu'«on ne peut pas être totalement satisfait lorsque tous les acteurs ne sont pas autour de la table. Je regrette vivement que le commerce et la distribution n'aient été représentés que par Jérôme Bédier». Alors qu'un doute planait mardi soir sur la présence de l'ensemble des distributeurs mercredi lors de cette réunion, J.-M. Lemétayer avait insisté pour que «toutes les enseignes soient représentées».
L'association de défense des consommateurs UFC-Que choisir a aussi regretté «la dérobade» de la grande distribution.
«C'était une réunion très tendue à cause de l'absence des distributeurs», a déclaré, de son côté, Jean-René Buisson, président de l'Ania.
La FCD n'a pas souhaité s'exprimer à la fin de la réunion.
Six groupes de travail pour calmer les agriculteurs Six groupes de travail seront mis en place pour répondre à la colère des agriculteurs contre les marges des grandes surfaces, ont annoncé mercredi les participants à la réunion organisée à Bercy avec les agriculteurs, les distributeurs, les industriels et les consommateurs. Ces groupes de travail seront notamment axés sur le bilan du volet consacré à la distribution de la LME, vivement critiqué par les agriculteurs et les industriels, a annoncé Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA, à la sortie de la réunion. Ils porteront également sur le renforcement des filières agricoles «les plus fragiles», comme les fruits et légumes, le lait et les viandes, notamment le porc, a précisé Philippe Mangin, président de Coop de France, qui regroupe les coopératives agricoles. |
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(1) Association nationale des industries alimentaires.
(2) Fédération des entreprises du commerce et de la distribution.
(3) Confédération générale de l’alimentation en détail.