Michel Barnier, ministre de l'Agriculture, a déclaré jeudi aux industriels de l'alimentation qu'il veillerait à leurs intérêts économiques dans le cadre de la loi de modernisation de l'économie. Il fera en sorte que «la négociabilité (des tarifs entre distributeurs et fournisseurs) se traduise par des contreparties réelles vérifiables et mesurables», a-t-il indiqué en ouverture des Assises organisées par l'Ania (Association nationale des industries alimentaires).
«Il est légitime que vos entreprises, dès lors qu'elles le font de manière raisonnable et proportionnée, répercutent dans leurs prix de vente les augmentations de coûts des matières premières agricoles auxquelles elles doivent faire face», a ajouté le ministre.
Au cours d'une table ronde sur les prix alimentaires, Christiane Lambert, vice présidente de la FNSEA, a exprimé le besoin de transparence dans les relations commerciales. Elle craint la réforme et la négociabilité des tarifs: une pression forte des distributeurs sur les industriels «retombera sur les agriculteurs».
Luc Chatel, secrétaire d'Etat chargé de la Consommation, est décidé à réformer les relations entre fournisseurs et distributeurs avec la loi de la modernisation de l'économie. Cette loi, prévue pour avril 2008, est soutenue par les distributeurs et le gouvernement. Elle autoriserait les distributeurs à négocier les tarifs des industriels.
L'Ania est fortement opposée à cette loi et a entamé une campagne de lobbying en ce sens auprès des députés. Pour la précédente loi (dite Chatel), l'Ania estime avoir fait suffisamment de concessions. «Notre contribution a donné les moyens d'une concurrence satisfaisante entre les distributeurs, et au final, la possibilité pour eux de baisser les prix», a déclaré Jean-René Buisson, président de l'Ania.
La loi Chatel, en application depuis le 1er mars 2008, donne une plus grande marge de manoeuvre aux distributeurs pour baisser les prix de grande consommation, en abaissant le seuil de revente à perte.
Décidé à mener la réforme, Luc Chatel s'est voulu rassurant: «Ce ne sera pas la loi de la jungle, puisque l'interdiction de la revente à perte est maintenu. Nous mettrons en place cette réforme avec tous les garde-fous nécessaires», a-t-il expliqué.
Parmi les «garde-fous» promis aux industriels, le secrétaire d'Etat chargé de la Consommation a cité le renforcement des sanctions en cas d'abus de position dominante, la réduction des délais de paiement aux fournisseurs, la mise en place d'une Haute Autorité de la concurrence, ainsi que la réforme de l'urbanisme commercial.
«La France reste un pays trop cher par rapport aux voisins européens. Il faut sortir d'une trop forte complexité, il faut un système plus simple, plus lisible», a déclaré M. Chatel, rappelant l'échec de la loi Galland. «La loi de modernisation permettra de sortir du système absurde des marges arrière et de nous calquer sur un système qui existe dans la plupart des pays développés», a indiqué M. Chatel.