Les ministres de l'Ecologie et de l'Agriculture « saluent » la décision du conseil général du Tarn de redimensionner la retenue d'eau de Sivens. La FNSEA aussi. La Coordination rurale évoque un « bricolage ridicule ». La Confédération paysanne réclamait des « retenues collinaires de tailles adaptées au soutien du Tescou et aux besoins des fermes situées en coteaux. »
« Le Conseil général a décidé de s'orienter vers une des options alternatives préconisées dans le rapport d'expertise rendu à la ministre en charge de l'Ecologie le 16 janvier 2015. Le Conseil général a ainsi fait le choix de privilégier la solution technique visant à engager la réalisation d'un réservoir dans l'emprise initiale, plus réduit et à l'amont du projet initial », réagissent les ministères de l'Ecologie et de l'Agriculture dans un communiqué commun.
« Ségolène Royal et Stéphane Le Foll saluent cette décision, qui, tout en respectant l'ensemble des critères de protection environnementale, sécurisera les apports en eau nécessaire pour des productions agricoles à forte valeur ajoutée et génératrices d'emploi local, le renforcement des circuits de proximité, et le maintien d'exploitations de taille familiale. »
« L'Etat accompagnera le maitre d'ouvrage, financièrement et techniquement, dans la réalisation de ce projet alternatif. »
« Le gouvernement appelle l'ensemble des acteurs à respecter la décision du maitre d'ouvrage, les invitant à l'apaisement et à la responsabilité. »
« Le courage » du Conseil général (FNSEA)
« Après 20 ans de procédures, un drame, des mois d'occupation, une nouvelle décision a été prise démocratiquement par le conseil général du Tarn : il prévoit un projet redimensionné, et qui tient compte des besoins en eau pour l'agriculture, le tourisme, l'étiage des cours d'eau. La FNSEA, dans un contexte tendu, salue le courage de l'assemblée départementale », explique le syndicat dans un communiqué.
« La FNSEA veut le respect de la loi, l'évacuation des zadistes et le début des travaux sans délai. »
« Nous faisons confiance aux institutions et continuons à appeler au calme ; c'est la base du vivre ensemble républicain. »
« Un projet alternatif monté à la va-vite » (Coordination rurale)
« Après vingt ans de travail pour définir un projet réfléchi, nécessaire au maintien de l'agriculture, c'est finalement un projet alternatif monté à la va-vite qui devrait voir le jour. Un choix déplorable, étant donné que les écologistes extrêmes continueront certainement de paralyser le projet avec des recours européens qui peuvent durer cinq ans de plus », a réagi la Coordination rurale dans un communiqué.
« Avec cette reculade orchestrée par un ministère de l'Écologie qui fait la part belle à des « intégristes » écologistes, il ne sera plus possible en France d'augmenter nos réserves en eau. L'Espagne, qui a compris les enjeux du XXIe siècle, a fait de l'eau une cause nationale : l'agriculture est chez eux prioritaire. Face à eux, la France perd des parts de marché en fruits et légumes. Et on peut craindre qu'à l'avenir, il n'y ait plus de production sur notre territoire. »
« Analysant la situation de Paris, le gouvernement croit avoir résolu le problème. C'était une nécessité urgente à quelques jours des élections cantonales. Mais vu du fond de nos territoires ruraux, ce bricolage ridicule augmente encore le sentiment de l'abandon des campagnes. »
« Aucun ouvrage sur le site actuel » (Confédération paysanne)
A la veille de la décision du conseil général du Tarn, la Confédération paysanne avait demandé « l'abandon de tout ouvrage sur le site actuel ». Dans un communiqué du 5 mars 2015, elle se prononçait « pour la réalisation de retenues collinaires de tailles adaptées au soutien du Tescou et aux besoins des fermes situées en coteaux. »
« L'agriculture a besoin d'eau qu'il est nécessaire d'apporter parfois sur certains territoires sous forme d'irrigation. L'eau est un bien public à préserver, il est donc important de s'interroger sur les conditions de son utilisation. Les prélèvements pour l'irrigation doivent se faire à un niveau compatible avec le fonctionnement des écosystèmes et doivent servir à sécuriser des productions créatrices de richesses, d'emplois et répondant à la souveraineté alimentaire. L'irrigation ne doit pas être le moyen d'une course au rendement, d'autant plus lorsqu'elle est subventionnée par des fonds publics à hauteur de 8 millions d'euros pour une trentaine de bénéficiaires. Enfin, la qualité de l'eau restituée à l'environnement doit être prise en compte (nitrates et pesticides). La monoculture de maïs ne satisfait pas à ces conditions. »
« Les conséquences du changement climatique ne pourront être compensées par un accroissement démesuré de l'irrigation mais par un changement des pratiques agricoles. »
JA « réaffirme son soutien au projet »
Jeunes Agriculteurs « réaffirme les intérêts du projet du barrage de Sivens. Sivens, un projet mûri, déclaré écologiquement exemplaire par les services de l'Etat en juin 2014 qui doit démarrer rapidement », écrit JA dans un communiqué du 9 mars.
« L'ensemble du réseau de Jeunes Agriculteurs reste serein et solidaire de ce projet d'aménagement malgré de tels comportements de la part des zadistes », affirme Florent Dornier, secrétaire général des Jeunes Agriculteurs. Après 15 ans d'études d'impact, d'études techniques et de concertation et dernièrement un rapport d'experts mandatés par la ministre de l'Ecologie reconnaissant un besoin d'eau urgent dans la vallée, Jeunes Agriculteurs constate que ce projet, voté à l'unanimité par les élus du territoire et mûrement réfléchi entre les différentes parties prenantes, doit démarrer. »
« A en croire l'excessivité du comportement des zadistes, le projet du barrage de Sivens semble démuni de préoccupations environnementales. Rappelons que, grâce au barrage, c'est le débit du Tescou qui sera régulé tout au long de l'année alors que cette rivière connait des périodes de sécheresse 9 années sur 10, néfaste à la survie de certaines espèces aquatiques. De plus, si le Tescou a un débit minimum assuré, c'est la forêt de Sivens de 730 hectares qui est préservée et sécurisée contre les incendies liés aux fréquentes périodes de sécheresse. »
« Enfin, ce projet d'aménagement intègre un rééquilibrage environnemental : la zone humide de 13 hectares qui est concernée par l'emprise du projet est largement compensée par la création d'une nouvelle zone humide plus grande (20 hectares), où les espèces protégées ont été réintroduites. Seulement quelques arbres d'une vingtaine d'années, qui ont poussé sur d'anciennes prairies, ont été abattus pour la réalisation du projet. »
« Ce projet territorial de gestion qualitative de l'eau répond aux besoins d'un territoire et pour une filière en matière de production », réaffirme Florent Dornier, qui en appelle aujourd'hui au calme, après les dernières actions des zadistes. Sivens permettra de maintenir des exploitations de polyculture élevage viables, sur de petites surfaces (en moyenne 40 hectares), en sécurisant un volume d'eau nécessaire à la production. »