Le tribunal d'instance d'Albi a ordonné lundi l'expulsion des habitants de « La Métairie Neuve », propriété du conseil général du Tarn occupée par des zadistes sur le site du projet contesté de retenue d'eau à Sivens (Tarn).
Le conseil général du Tarn avait porté plainte en référé au début de février 2015 et demandait l'expulsion du zadiste considéré comme le principal occupant de « La Métairie Neuve », et qui se fait appeler du nom de code de Camille comme tous les autres zadistes. Le corps de ferme, situé sur la « zone à défendre » (Zad), sert notamment de dortoir aux zadistes.
Le tribunal a par ailleurs rejeté « l'ensemble des demandes de délais ou de sursis » présentées par le zadiste et précisé que l'ordonnance serait valable pour une durée de six mois. « Pour nous, ça ne change rien », a indiqué à l'AFP Camille. « Seule la préfecture peut nous expulser. Or le préfet est favorable au dialogue, comme nous », a-t-il ajouté.
La ministre de l'Écologie, Ségolène Royal, avait récemment indiqué que l'expulsion n'interviendrait pas avant la décision du Conseil général le 6 mars sur l'avenir du projet de retenue d'eau. Ce délai a été confirmé par le préfet du Tarn, Thierry Gentilhomme, lors d'une réunion d'apaisement avec les zadistes, au début de février.
« Parcelles libres d'accès pour une utilisation agricole »
La semaine dernière, le tribunal d'instance d'Albi avait ordonné l'expulsion d'une partie des zadistes occupant depuis octobre 2013 des parcelles sur le site de Sivens.
Les « riverains » de la Zad, comme se surnomment les habitants se disant « victimes » de l'occupation, exigent cependant que les zadistes soient immédiatement expulsés. La cinquantaine de zadistes encore présents sur l'ensemble du site de Sivens ont promis, après leur rencontre avec M. Gentilhomme, de « laisser les parcelles libres d'accès aux riverains pour une utilisation agricole ».
Le conflit entre zadistes et pro-barrage a récemment atteint un stade « dangereux », selon les occupants et les riverains : les deux camps se plaignent d'agressions physiques et verbales.
Le chantier avait été suspendu après la mort, le 26 octobre, de Rémi Fraisse, tué dans l'explosion d'une grenade offensive lancée par un gendarme.
Mme Royal a enterré le projet initial de retenue d'eau le 16 janvier et proposé deux alternatives, en particulier une version allégée du projet le situant à 330 mètres en amont à Sivens. Cette solution a les préférences du président du Conseil général, le socialiste Thierry Carcenac.