Le tribunal de grande instance d'Albi a ordonné mardi l'expulsion d'une partie des zadistes qui occupent depuis octobre 2013 le site du projet contesté de retenue d'eau à Sivens (Tarn).
Le conseil général du Tarn, deux riverains et la Compagnie d'aménagement des coteaux de Gascogne (CACG), maître-d'œuvre du projet de barrage, avaient porté plainte en référé à la fin de janvier 2015 et demandaient l'expulsion des zadistes occupant illégalement les parcelles.
Mercredi, le tribunal d'instance d'Albi examinera une autre demande d'expulsion, qui concerne, elle, un bâtiment situé sur la « zone à défendre » (Zad) et appelé « La Métairie neuve », propriété du conseil général du Tarn. Ce corps de ferme sert notamment de dortoir aux zadistes.
La ministre de l'Écologie, Ségolène Royal, a cependant récemment indiqué que l'expulsion n'interviendrait pas avant que le Conseil général décide du devenir du projet de retenue d'eau, lors d'un débat prévu le 6 mars. Le préfet du Tarn, Thierry Gentilhomme, avait confirmé ce délai, lors d'une réunion d'apaisement avec les zadistes, jeudi dernier.
Mme Royal a enterré le projet initial de retenue d'eau le 16 janvier et proposé deux alternatives, en particulier une version allégée située 330 mètres en amont mais toujours à Sivens. Cette solution a les préférences du président du Conseil général, le socialiste Thierry Carcenac.
Le conflit atteint un stade « dangereux »
Mais les « riverains » de la Zad, comme se surnomment les habitants se disant « victimes » de l'occupation, exigent que les zadistes soient immédiatement expulsés. Des agriculteurs se plaignent notamment de ne pas pouvoir se rendre sur les terrains actuellement occupés pour faire paître leurs bêtes ou couper du bois.
La cinquantaine de zadistes encore présents sur le site ont promis, après leur rencontre avec M. Gentilhomme, de « laisser les parcelles libres d'accès aux riverains pour une utilisation agricole ».
Le conflit entre zadistes et pro-barrage a récemment atteint un stade « dangereux », selon les deux camps, en particulier lors des blocages de la Zad que les riverains mettent en place régulièrement en signe de protestation de l'occupation de Sivens par les zadistes. Occupants comme riverains se plaignent d'agressions physiques et verbales.
Le chantier avait été suspendu après la mort le 26 octobre 2015 de Rémi Fraisse, tué dans l'explosion d'une grenade offensive lancée par un gendarme.