Une centaine d'agriculteurs, membres du syndicat Jeunes Agriculteurs (JA), ont déversé des bottes de paille devant l'Elysée jeudi matin pour protester contre la baisse de leurs revenus.
Les JA, venus de l'Ile-de-France, de la Picardie et du Nord-Pas de Calais, sont intervenus très tôt dans la matinée, vers 6h45, avant d'être presque immédiatement refoulés dans une rue attenante par les forces de l'ordre en nombre, a indiqué Aurianne Bourasseau, chargée de la communication au sein des JA de l'Ile-de-France.
«Nous avons déchargé dix tonnes de paille devant l'Elysée et les rues adjacentes pour nous faire entendre de Nicolas Sarkozy», a-t-elle déclaré.
La police a procédé à des interpellations de manifestants et la rue du Faubourg-Saint-Honoré, longeant le palais présidentiel, a été fermée à la circulation.
«Entre six et dix personnes ont été interpellées, on est en train de faire le compte», a affirmé Mme Bourasseau.
Les forces de l'ordre ont ensuite fait évacuer le reste des manifestants dans le calme. Ces derniers ont pris place à bord de cars de police pour être conduits vers le commissariat du 11e arrondissement et procéder à des vérifications d'identité.
«Nous, on veut juste se faire entendre, pas mettre le feu, parce que nos revenus ont beaucoup baissé entre 2008 et 2009», a expliqué Pierre Bot, 28 ans, céréalier dans les Yvelines, qui accuse la Pac d'être la cause de la baisse de ses revenus. «Moi, par exemple, dans ma ferme, mon revenu annuel sera de l'ordre de zéro en 2009 et, en 2010, je vais encore perdre 10.000 euros», a-t-il assuré.
Le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, a exprimé jeudi matin sur France Inter son soutien aux agriculteurs. Il comprend leur «colère» et leur «désarroi».
«Quand on se lève chaque matin dans une exploitation agricole […] et qu'on sait que chaque jour on va perdre de l'argent à la fin de sa journée, il y a de quoi effectivement être dans une détresse profonde», a indiqué le ministre.
Il a souligné que la France «traverse la plus grave crise agricole depuis trente ans». Bruno Le Maire a reconnu qu'il y a «urgence à sortir de cette situation et surtout à ouvrir des perspectives de long terme pour l'agriculture française».
«C'est ce à quoi je m'emploie», a conclu le ministre.
Dans un communiqué jeudi, Orama, le syndicat des producteurs de céréales et d'oléoprotéagineux, a assuré les JA d'Ile-de-France et des régions voisines, organisateurs de la manifestation, de son soutien absolu.
«Comme le 16 octobre 2009devant le Fouquets, ces syndicalistes ont légitimement rappelé avec force aux pouvoirs publics dans quelle situation insurpportable les modalités françaises d'application du bilan de santé de la Pac en 2010 (prélèvement de 60 à 100 €/ha sur les paiements directs en céréales et oléoprotéagineux) mettront les exploitants du secteur des cultures arables [...]», a indiqué Orama.