La Confédération nationale de l'élevage (CNE) a réuni mercredi la presse en marge du Space à Rennes (Ille-et-Vilaine) pour présenter les résultats d'une réflexion transversale qu'elle a conduite. Cette étude a pour but de sensibiliser les décideurs politiques aux problèmes de revenu des éleveurs de ruminants, problèmes aggravés par les crises des dernières années et le contexte général de volatilité des matières premières.
« Ce n'est pas un boulevard que nous avons devant nous, c'est une autoroute, martèle Pierre Chevalier, le président de la CNE. Des opportunités de marchés existent. Nous sommes mobilisés pour répondre à la demande de la société, à la demande économique mais nous avons besoin de soutiens. On ne peut pas accepter de voir les prairies retournées au profit de productions plus performantes. Le secteur est menacé. »
Les producteurs de viande bovine et de lait de vache demandent un coup de pouce pour améliorer l'autonomie des exploitations. Thierry Roquefeuil, le président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), exige un plan « protéines ». « Il est difficile de définir la stratégie des politiques, remarque-t-il. On a besoin de réponse sur l'élevage. On souhaite que les pouvoirs publics français fassent un choix. »
Guy Hermouet, le premier vice-président de la Fédération nationale bovine (FNB), plaide en faveur de l'autonomie fourragère. « Il nous faut remettre un peu d'agronomie dans la politique de l'herbe et pouvoir cultiver des céréales, assure-t-il. Nous avons besoin de pouvoir retourner et cultiver la prairie. Le maintien de la production passera aussi par le maintien de soutiens couplés sur tout le territoire. Une fois partis, les bovins ne reviendront pas. »
Les représentants des différentes productions semblent aussi inquiets pour l'installation. « 50 % des éleveurs allaitants ont plus de 50 ans, reprend Guy Hermouet. 20 % ont moins de 40 ans. Comme les éleveurs de moutons [en référence au fonds sur lequel la Fédération nationale ovine a levé le voile à la fin de de la semaine dernière, NDLR], il nous faut une aide pour le renouvellement des générations. »
Dans la production laitière aussi le problème se pose. « Nous avons besoin d'inventer de nouveaux outils face aux investissements de plus en plus importants », reprend Thierry Roquefeuil. Mais le défi est aussi social. « Le coût de la main-d'œuvre est prohibitif par rapport à nos résultats économiques, poursuit-il. Si cet aspect social n'est pas pris en compte au-delà de l'économie, bon nombre d'éleveurs se poseront des questions. »