Une conférence de haut niveau se tenait le 7 avril 2014 à Bruxelles, à la Commission européenne sur les dernières avancées en matière de santé des abeilles. A cette occasion ont été révélées les premières conclusions de l'étude « Epilobee » qui doit permettre un vaste état des lieux des colonies de pollinisateurs dans l'Union européenne.
Selon cette étude menée dans 17 Etats membre de l'UE, la mortalité des abeilles en Europe recouvre des différences régionales importantes. Les pays du nord de l'Europe sont plus touchés par la mortalité des abeilles (taux de mortalité des colonies de 33,6 % en hiver et de 13,6 % pendant la saison apicole) que ceux se trouvant dans le sud proche de la Méditerranée (3,5 % et 0,3 %).
Cette étude a été menée sur la base de prélèvements de données et de méthodes d'échantillonnage harmonisés, et elle a concerné plus de 31.832 colonies dans 17 États membres de l'UE. La collecte de données a eu lieu de l'automne 2012 à l'été 2013, précise le communiqué de la Commission européenne.
« Ces données montrent, malgré une mortalité importante des colonies d'abeilles dans certaines régions de l'UE, qu'elles ne vont pas disparaître », estime la Commission, et selon elle, on ne peut pas encore parler de syndrome d'effondrement des colonies (CCD pour Colony Collapse Disorder) tel que référencé en Amérique du Nord notamment.
« En cumulant les mortalités hivernales et estivales, la Belgique apparaît comme le territoire le plus touché, avec un taux de mortalité de 42,5 %, suivie de près par le Royaume-Uni (38,5 %), la Suède (31,1 %), la Finlande (29,8 %) et la France (27,7 %) », remarque le journaliste du Monde, Stéphane Foucart, pour qui à l'inverse, « ces résultats confirment la mauvaise santé des pollinisateurs ».
La France apparaît comme « le pays où la mortalité est, de loin, la plus élevée au cours de la saison apicole : 13,6 %, contre moins de 10 % dans tous les autres pays étudiés. La production de miel y a chuté de moitié depuis les années 1990 », remarque le journaliste du Monde.
Il pointe aussi le fait que dans le cadre de l'étude « Epilobee », si à chaque visite de colonie les mortalités ont été relevées, ainsi que la présence des principaux pathogènes de l'abeille comme le varroa ou noséma, en revanche aucune mesure de pesticides n'a été réalisée sur les colonies échantillonnées. Et de fait « le mot est absent des trente pages du rapport » publié le 7 avril par la Commission, ce qui n'a pas manqué de susciter des critiques, rapporte le quotidien.
L'étude dirigée par l'Anses (l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments), qui ne s'est pas penchée sur les pesticides faute de faisabilité (méthodologique et économique) dans un premier temps, note une grande variabilité de maladies affectant les butineuses. Seul le varroa (un parasite) se retrouve dans tous les pays.
D'autres critiques auraient voulu voir l'affaiblissement des colonies pris en compte dans l'évaluation de la santé des colonies d'abeilles, et non pas seulement la mortalité.
Bruxelles précise que la collecte de données dans le cadre d'« Epilobee » se poursuit en 2013-14 afin d' obtenir un aperçu sur les tendances de la mortalité.