Comment assurer l’approvisionnement alimentaire mondial ? Quelle place aura l’Europe ? Telles étaient les questions abordées par les experts invités par la Société des agriculteurs de France (Saf) à son colloque, jeudi, à Paris.
Les investissements internationaux, dans les moyens de production et dans l’accès au crédit, ainsi que la formation des agriculteurs font partie des réponses avancées pour assurer l’équilibre alimentaire mondial.
En Europe, le besoin d’une agriculture productive, défendue par Bernard Graciet, n’a pas été contredit. Pour le représentant de Syngenta, le principal enjeu de cette productivité est le maintien et le développement de la biodiversité.
Au niveau mondial, le problème ne serait pas la production. Pour Jean-Robert Pitte, professeur et président de la Société de géographie, l’agriculture produirait suffisamment, pour assurer l’équivalent de 2.800 calories par personne et par jour.
En revanche, la répartition de cette production est très inégale, avec un grand retard en Afrique. Or ce n’est pas une question d’environnement, pour le professeur, qui constate les mêmes potentialités en Asie que sur le continent africain : « l’Afrique doit produire plus, ajoute Jean-Robert Pitte. Il faut que les Etats se prennent en main et développent l’agriculture vivrière. »
Cette agriculture vivrière, a ajouté Bernard Bachelier, directeur de la fondation Farm, ne doit pas se cantonner à l’autosuffisance des familles, mais générer des échanges et créer du développement.
Pour y parvenir, « la présence de sociétés étrangères peut jouer un rôle significatif pour augmenter la productivité agricole et stimuler le développement économique », analyse Fabrice Hatem, conseiller économique de la Cnuced (Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement).
D’ailleurs, même si ces investissements internationaux dans l’agriculture et l’agroalimentaire restent très faibles par rapport aux autres secteurs économiques, elle est en très forte progression, a-t-il ajouté.
« Ces investissements ne doivent pas être diabolisés ; lorsqu’ils sont faits en concertation avec les populations, ils permettent d’amorcer le développement », a ajouté Bernard Bachelier. Il a également rappelé que le développement agricole passera par l’accès à un crédit suffisant pour investir un cycle complet de cultures, ainsi que par l’organisation de marchés et d’infrastructures.