Végétarien de cœur depuis l'enfance – contrecoup d'une histoire familiale douloureuse –, le journaliste Franz-Olivier Giesbert l'est aussi de raison. Il retrace ce parcours dans un essai (1) qui invite à traiter les animaux d'élevage avec la même bienveillance que les animaux domestiques.
L'auteur suggère à l'Homme de descendre du piédestal où l'ont placé les religions et nombre de philosophes, à commencer par Descartes. L'Homme ne partage-t-il pas 99 % de son patrimoine génétique avec le chimpanzé et 95 % avec le cochon, par trop souvent « martyrisé » ? L'éléphant, le dauphin ou le singe ne témoignent-ils pas d'une vie sociale extraordinairement riche ? Un perroquet n'est-il pas capable de comprendre plusieurs centaines de mots ?
S'il ne condamne par l'élevage en tant que tel, l'auteur fustige les « usines à viande » et plus encore la cruauté des pratiques en cours dans nombre d'abattoirs. Sa révolte atteint son paroxysme dans une dénonciation froidement clinique de l'abattage rituel, rapport « confidentiel » (2) du ministère de l'Agriculture à l'appui. Et pourtant, une « halalisation galopante des abattoirs français » est en marche, favorisée par les impératifs industriels. Franz-Olivier Giesbert assure ainsi que, « sur trois animaux tués de manière rituelle, deux carcasses seront consommées par des personnes qui ne sont pas plus musulmanes que juives ».
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(1) « L'animal est une personne », Fayard, 190 pages, 16 euros.