Le cours du sucre est monté mardi à son plus haut niveau depuis près de trente ans à New York, soutenu par des achats spéculatifs, sur fond de risques de diminution de l'offre mondiale et d'inquiétudes sur les perspectives d'exportation par l'Inde.
Sur le marché à terme américain, le prix de la livre de sucre brut pour livraison en mars, contrat de référence du moment, est grimpé jusqu'à 30,64 cents, surpassant le seuil de 30,40 cents qui avait été atteint au début de février et renouant avec des niveaux sans précédent depuis janvier 1981. Il a bondi de près de 1,50 cent en l'espace d'une semaine.
Sur le marché à terme de Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en mars est, quant à elle, montée jusqu'à 756,60 livres sterling, son plus haut niveau depuis le 26 janvier 2010.
Les prix étaient portés par les inquiétudes croissantes du marché quant à des perspectives de production en berne, face à une demande mondiale robuste, et alors que les stocks des pays consommateurs restent à des niveaux historiquement très bas.
Après deux années de déficit de la production mondiale du sucre, « les prévisions anticipées d'un surplus pour la saison 2010-2011 ont été ruinées par un impressionnant flot de mauvaises nouvelles sur le front de la production », relevait Emmanuel Jayet, analyste de la Société Générale.
Les inondations au Pakistan, la canicule en Russie et la sécheresse au Brésil (respectivement huitième, neuvième et premier producteurs mondiaux) « ont dû entraîner la révision à la baisse des prévisions pourtant modérées de surplus (...) et forcent le marché à réaliser que l'étroitesse héritée de la saison précédente va se prolonger plus qu'attendu », a-t-il expliqué.
Par ailleurs, « l'incertitude sur la politique des autorités indiennes au regard des exportations du pays ajoute encore aux inquiétudes sur les approvisionnements », a indiqué Sudakshina Unnikrishnan, analyste de Barclays Capital.
Deuxième producteur mondial de la planète après le Brésil et premier exportateur mondial, l'Inde doit rendre ce mois-ci une décision sur les plafonds de ses exportations de sucre pour la saison 2010-2011, et la perspective d'une limitation de ses exportations inquiète les opérateurs.
Enfin, le sucre coté à New York profitait d'un affaiblissement de la monnaie américaine, propre à rendre plus favorables les achats de matières premières libellés en dollar pour les investisseurs.