« Nous serons là pour vous aider », avait promis le président Nicolas Sarkozy aux sinistrés, au lendemain de la tempête Xynthia. Il annonçait alors « des mesures concrètes et des aides exceptionnelles ». Deux mois après, les mesures concrètes se font attendre. Et les aides exceptionnelles se limitent au dispositif classique des calamités agricoles.
Les exploitants de la Charente-Maritime se sentent doublement victimes. D'une tempête qui a submergé 22.000 hectares de terres, dans 800 exploitations, et d'un abandon par les pouvoirs publics.
Les représentants professionnels ont pourtant demandé la mise en place d'un dispositif exceptionnel.
« Nous avons travaillé très vite, indique Luc Servant, président de la chambre d'agriculture. Avec l'aide de l'Administration, une estimation des dégâts a été établie en trois semaines. Toutes les exploitations et les surfaces concernées ont été recensées. » Ont suivi deux rendez-vous au ministère de l'Agriculture pour négocier ce dispositif exceptionnel.
« Dans le système classique, seulement 35 % des pertes sont indemnisées. C'est largement insuffisant, plaide Luc Servant. Nous avons aussi demandé que soient aidés tous les hectares touchés. Et que les aides exceptionnelles ne soient pas plafonnées à 15.000 euros sur trois ans par exploitation. »
Le problème est que cette dimension exceptionnelle nécessite le feu vert de Bruxelles. Et, là, la situation se bloque. Le ministère de l'Agriculture y a bien présenté ses demandes, à la fin d'avril, mais l'Union européenne demande un dossier plus argumenté. Ce qui va se traduire par un délai supplémentaire d'un mois pour le reprendre, et deux mois encore ensuite pour que Bruxelles prenne sa décision.
Les agriculteurs ne peuvent pas se permettre un tel délai. Pour que les sols puissent être traités à la fin de l'été et produire à nouveau l'an prochain, les commandes de gypse doivent être passées dès maintenant. Et les fournisseurs demandent des garanties de paiement que les exploitants sont incapables de leur fournir. Lasse d'attendre, la chambre a demandé un acompte sur les aides à percevoir. « Impossible tant que Bruxelles n'a pas validé le dispositif », lui a-t-on répondu.
La chambre monte un système de financement intermédiaire avec les banques. Il permettra d'assurer les fournisseurs de gypse qu'ils seront payés et de réserver les 100.000 tonnes nécessaires. Mais l'incertitude et l'inquiétude demeurent.
« Deux mois après la tempête, nous ne savons toujours pas quelle forme prendra le dispositif calamité, déplore Luc Servant. Nous ne savons même pas comment rassurer les agriculteurs. »
Le gypse manque pour dessaler les sols
Cent mille tonnes de gypse pour traiter les 11.000 hectares de cultures submergés : les besoins sont tels que la carrière de gypse de Cognac, qui fournit habituellement les exploitants charentais, ne peut y faire face cette année. La chambre d'agriculture recherche de nouveaux fournisseurs, et ce jusqu'en Grande-Bretagne et en Tunisie. Certains ont tenté de semer orge ou maïs pour refaire la structure des sols. Mais si les graines germent bien, les plantes meurent au stade des 2-3 feuilles. |