En 2010, plus de 120.000 chefs d'exploitation, exploitant un quart des terres cultivables de la métropole, soit 6,8 millions d'hectares de SAU, avaient 55 ans ou plus sans être retraités. Deux tiers de ces chefs susceptibles de partir à la retraite d'ici à 2017, soit 75.000 agriculteurs exploitant 3,3 millions d'hectares, déclaraient en 2010 ne pas avoir encore de visibilité sur le devenir de leur exploitation ou anticipaient sa disparition. C'est le résultat d'une étude d'Agreste sur la transmission des exploitations agricoles mise en ligne le 28 septembre 2015. Elle se base sur les recensements agricoles 2000 et 2010.
Le chef d'exploitation identifie peu son successeur avant 60 ans
Seul un tiers des agriculteurs de 55 ans ou plus en 2010 déclaraient savoir qui leur succédera. L'absence d'identification d'un successeur ne peut permettre de prédire que l'exploitation sera amenée à disparaître à l'occasion du départ à la retraite, cette situation n'étant in fine observée que dans un cas sur six. En revanche, les exploitations pour lesquelles un successeur était identifié par le chef d'exploitation (environ 42.000) se retrouvent le plus souvent dans une situation proche de celle anticipée concernant le devenir des moyens de production (pas de restructuration ou englobement/morcellement de l'entité initiale). Pour plus des trois quarts d'entre eux, le futur successeur est un membre de leur famille.
L'étude montre également que 60 ans est un âge charnière. À cet âge, 45 % déclarent connaître leur successeur. Les exploitants plus âgés sont un peu moins nombreux à identifier un successeur et, à partir de 63 ans, cette proportion se stabilise aux alentours de 35 %. L'étude met aussi en exergue des différences régionales : davantage de successeurs sont identifiés dans les régions du quart nord-est, et en particulier en Picardie, Champagne-Ardenne, Île-de-France, Alsace où environ 60 % de la SAU a un repreneur potentiel déclaré par leur chef. À l'inverse, les régions ouest (Haute-Normandie, Basse-Normandie, Bretagne et Pays de la Loire) ainsi que les deux régions du Centre (Auvergne et Limousin) sont celles dont les chefs d'exploitation se montrent en 2010 les plus incertains, voire réservés quant à l'avenir de leur exploitation : plus de 70 % d'entre eux ne se prononcent pas ou déclarent ne pas connaître leur futur successeur.
Les productions végétales et les grandes structures identifient mieux leur repreneur
Toutes choses égales par ailleurs, mais sans surprise, les chefs d'exploitation ont une plus forte chance d'identifier un successeur lorsque l'exploitation comprend plusieurs coexploitants de générations différentes. Hors les Gaec, qui ont plus de chances d'avoir un repreneur déclaré que les exploitations individuelles, le statut juridique n'a pa d'effet propre sur les chances d'identification d'un repreneur potentiel.
S'agissant des spécialisations productives, les chances d'identification d'un repreneur potentiel sont supérieures en productions végétales. C'est notamment le cas pour les exploitations fruitières, celles spécialisées en grandes cultures, et surtout pour les exploitations viticoles dont le chef a deux fois plus de chances de déclarer identifier un repreneur que pour les exploitations bovines.
Et, d'une manière générale, plus l'exploitation est grande (en termes de PBS, de SAU ou de nombre d'UTA), plus les chances d'identifier un successeur potentiel augmentent : une exploitation de grande dimension au sens du potentiel économique (PBS) a 2,8 fois plus de chances que son chef déclare un repreneur qu'une petite exploitation. Les chances d'identification d'un repreneur croissent avec l'augmentation de la dimension économique jusqu'au seuil de 750.000 euros (6 fois plus de chances que les exploitations avec une PBS inférieure à 4.000 euros). Au-delà de ce seuil, les chances stagnent à un niveau moins élevé.
Qui sont les repreneurs ?
La taille de l'exploitation influe nettement moins sur le type de repreneur que sur le fait d'en identifier un. La probabilité que le chef d'exploitation identifie comme repreneur une personne qui ne dirige pas déjà une autre exploitation est toutefois supérieure pour les exploitations mobilisant une main-d'œuvre plus importante (2 fois plus de chances lorsque le nombre d'UTA est supérieur à 2). S'agissant de l'orientation productive, les exploitations spécialisées en ovins et caprins présentent, toutes choses égales par ailleurs, les chances les plus importantes d'avoir un successeur déclaré ne dirigeant pas déjà une autre exploitation. A contrario, les chefs d'exploitation de grandes cultures présentent la plus forte probabilité, toutes choses égales par ailleurs, d'identifier pour leur succession une personne dirigeant une autre exploitation.
toutes choses égales par ailleurs
mardi 29 septembre 2015 - 08h04
"toutes choses égales par ailleurs" je pense pour ma part que les chances d'avoir un repreneur, dépendent du contexte au moment du départ. Ce qui fait que les statistiques sont très aléatoires.