L'Union européenne (UE) et le Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay et Paraguay) ont renoué lundi officiellement leurs négociations en vue d'un accord commercial de libre-échange, malgré les fortes réserves de pays européens, dont la France.
« Nous avons décidé de reprendre les négociations en vue d'un accord ambitieux et équilibré », a déclaré le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, à l'issue d'un sommet UE-Mercosur à Madrid, en marge du VIe sommet UE-Amérique latine.
Le président du Conseil européen, Herman van Rompuy, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, et la présidente de l'Argentine et présidente en exercice du Mercosur, Cristina Fernandez de Kirchner, ont également participé à ce sommet.
Les négociations entre l'UE et le Mercosur étaient rompues depuis 2004, les pays européens craignant une trop forte concurrence des produits agricoles et d'élevage du Mercosur dont les membres appréhendaient en retour d'être envahis par les produits industriels européens.
Un accord commercial entre l'UE et les pays du Mercosur représenterait chaque année « cinq milliards d'euros supplémentaires d'exportations de l'UE vers le Mercosur et du Mercosur vers l'UE », a souligné M. Zapatero, dont le pays assure la présidence de l'UE jusqu'à la fin du semestre.
Avec la reprise des négociations, « il s'agit d'affirmer que face à toute tentation de protectionnisme, la meilleure réponse à la crise économique est l'ouverture commerciale », a ajouté le chef du gouvernement espagnol.
Interrogé sur les réticences de certains partenaires, il s'est dit « sûr qu'une grande majorité de pays européens sont en faveur de la reprise des négociations ».
Dix Etats européens emmenés par la France ont exprimé lundi à Bruxelles leur inquiétude quant aux risques que ferait peser sur leur agriculture un accord commercial entre l'UE et le Mercosur.
La France a réuni autour d'elle neuf Etats pour soutenir un texte jugeant « inacceptable » d'envisager de nouvelles concessions agricoles après celles offertes par la Commission européenne en 2008 dans le cadre des négociations de Doha à l'OMC.
L'Autriche, la Roumanie, mais aussi Chypre, la Finlande, la Grèce, la Hongrie et le Luxembourg sont aussi sur la ligne française. D'autres pays, comme la Belgique, la Lituanie, l'Italie, le Portugal, la Slovaquie et la Slovénie, ont également exprimé leur préoccupation, selon un diplomate européen.
Le président de la Commission européenne, José Manuel Durao Barroso, a souligné à Madrid qu'un accord entre les deux régions « permettrait de créer une des plus importantes zones de commerce dans le monde, avec 700 millions de personnes ».
« Mais soyons clairs, nous ne faisons qu'entamer une négociation » et « nous devons être conscients qu'elle nécessitera des efforts importants de part et d'autre », a-t-il souligné, évoquant notamment la revendication européenne d'une libération du secteur des services des pays du Mercosur.
« Les préoccupations de certains secteurs spécifiques devront être prises en compte et des mesures d'accompagnement pourront être nécessaires », a-t-il ajouté à propos des craintes des agriculteurs européens.
La Commission européenne avait décidé le 4 mai de relancer les négociations avec le Mercosur, comme elle a mandat pour le faire depuis 1999.
Herman van Rompuy s'est félicité de la « nouvelle impulsion » donnée aux relations bilatérales entre l'UE et le Mercosur et a précisé que le premier round des négociations commerciales devrait avoir lieu au début de juillet au plus tard.
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