A la veille de la présidence française de l'Union européenne, Michel Barnier s'est engagé à améliorer la politique de prévention et de gestion des risques. «La question des risques est au coeur de la vie et des difficultés du métier des agriculteurs», a déclaré le ministre de l'Agriculture, le 16 juin, à l'occasion d'une conférence franco-allemande organisée à son initiative à Berlin. Pour le ministre, le bilan de santé de la Pac est l'occasion de «redonner un sens à la gestion des risques» tout en travaillant à «un meilleur partage des responsabilités entre organisations professionnelles et pouvoirs publics».
Les propositions de la Commission européenne sur le bilan de santé de la Pac vont dans ce sens. Ainsi, l'article 68, qui permet de réattribuer jusqu'à 10% des aides au sein du premier pilier (soutiens aux marchés), ouvre la possibilité d'installer des mesures de gestion des risques: assurance récolte pour les calamités naturelles et fonds mutualistes pour les maladies animales.
Michel Barnier a pour objectif d'arriver à un accord à l'automne. Son homologue allemand, Horst Seehofer, s'est montré plus réticent sur le recours à des mécanismes d'assurance privée soutenus par les pouvoirs publics. «L'utilisation de l'article 68 nous pose un problème», a-t-il également déclaré. Le ministre allemand a préféré insister sur «la prévention, le meilleur outil de gestion des risques».
Différents systèmes assuranciels existent déjà dans de nombreux pays européens. Ainsi, l'Espagne a développé une assurance récolte à grande échelle depuis trente ans. «Il s'agit d'un système mixte ''public-privé'' fort de 490.000 polices souscrites. Il est adapté à chaque production et presque tous les risques sont assurables», a expliqué Fernando J. Burgaz Moreno, directeur de l'ENESA (organisme d'Etat des assurances agricoles). «Pour nous, l'article 68 est inapplicable et nous travaillons à une rédaction alternative», a-t-il prévenu, fustigeant les fonds de mutualisation.
Au Danemark, les choix sont tout autres: ce pays aux productions homogènes a parié sur une organisation des filières agricoles sans aucun soutien public.