La préfecture a qualifié jeudi d'« excellent » le bilan de l'expérimentation d'une placette d'équarrissage naturel à Aste-Béon (Pyrénées-Atlantiques) visant à améliorer la cohabitation entre brebis et rapaces, dont le vautour fauve, protégé depuis 1976.
Nécrophage, le vautour fauve assure l'élimination naturelle des cadavres, un maillon indispensable de l'équilibre écologique du massif pyrénéen et de l'économie agropastorale en estive. Il bénéficie depuis 1976 d'une protection stricte aux niveaux national et européen. Mais la fermeture des charniers à ciel ouvert, à la suite d'un règlement communautaire pour éradiquer la vache folle dans les années 2000, a eu pour conséquence d'accroître la présence des vautours sur le piémont pyrénéen où la cohabitation entre le rapace et les brebis est devenue difficile, en particulier à proximité des exploitations agricoles.
Après un an d'expérimentation, le sous-préfet, Samuel Bouju, a jugé « excellent » le bilan de cette expérience : « Cette placette d'équarrissage n'a rien à voir avec un charnier, car il y a un suivi sanitaire. Elle est limitée en volume, ce qui évite l'accoutumance chez le vautour fauve », a-t-il expliqué, devant une quinzaine d'éleveurs bénéficiant de l'infrastructure et qui ont fait part de leur satisfaction. En 2013, 4.500 kg de carcasses d'ovins et de bovins ont été déposés dans la placette, ce qui correspond à 8 % des besoins de la colonie de vautours fauves qui compte 130 couples reproducteurs dans la vallée d'Ossau et 830 dans les Pyrénées-Atlantiques.
Un réseau de placettes à la fin de 2014
Un plan départemental, dont l'entrée en vigueur est prévue à la fin de 2014, vise à mettre en place un réseau de placettes en concertation avec les éleveurs et des associations comme la Ligue de protection des oiseaux (LPO). Cette dernière a annoncé avoir déposer plainte contre X auprès du tribunal de grande instance de Pau, le 11 août, pour destruction d'une espèce protégée, après qu'un vautour perncoptère a été retrouvé mort le 28 juin par un agriculteur sur la commune d'Arthez-d'Asson (Pyrénées-Atlantiques).
L'autopsie puis les analyses toxicologiques pratiquées sur le volatile ont révélé qu'il avait ingéré un insecticide interdit d'utilisation en France depuis décembre 2008. La LPO n'a pas souhaité mentionner le nom du produit. Selon la LPO, cette même substance avait déjà été utilisée en 2009 et 2012 dans l'Aude, sous forme d'appâts empoisonnés, provoquant la mort de deux vautours percnoptères, huit vautours fauves et un milan royal.
Le vautour percnoptère (Neophron percnopterus) est une espèce considérée « en danger » sur la dernière liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature France (UICN), rappelle la LPO.