Les courants antiviande, qui fleurissent un peu partout actuellement, ont occupé une partie du débat organisé mardi matin à Paris par l’Association française des journalistes agricoles (Afja). Louis Orenga, le directeur du Centre d’information des viandes (CIV), a saisi l’occasion pour dénoncer les amalgames dont la production de viande bovine fait l’objet.
« On devrait arrêter de consommer de la viande bovine, le monde irait mieux », a-t-il ironisé avant de repartir à la charge et d’assurer que « la mondialisation de l’information a les mêmes effets pervers que celle des finances ». Ce qu’il redoute, c’est l’image que le consommateur se fait de l’élevage français au travers des messages que véhiculent les « antiviande ».
« Quand il y a un décalage entre la perception et la réalité, on va à la catastrophe, insiste-t-il. Le constat dressé à l’échelle mondiale est sans doute vrai, mais comment l’adapter à la situation française. Quelles que soient les solutions ? Donnons une informations correcte. » Et pour lui, le risque de déstabiliser notre modèle de production sans avoir d’alternative est important
« C’est une question compliquée, a reconnu Marion Guillou, la présidente-directrice générale de l’Inra. Il ne faut pas seulement regarder le prix carbone. Il existe des zones où on ne peut rien faire d’autre que de l’élevage. Il nous faut travailler à un meilleur équilibre environnemental des différents types d’élevages. »
Il reste, pour Louis Orenga, qu’il est aujourd’hui difficile de mettre en œuvre une valeur ajoutée sociétale pour les règles imposées à la production de viande européenne comme le bien-être animal. Ou encore de faire passer auprès du consommateur des arguments scientifiques. Comme, par exemple, le rôle des prairies qui stockent du carbone et « neutralisent » ainsi une partie des émissions de méthane des bovins.