Boire – modérément – du vin rouge réduit le risque de maladies cardiovasculaires, ont constaté de nombreuses études épidémiologiques. On savait que cette protection provient des polyphénols du vin. Des chercheurs d'Angers viennent de lever le voile sur ce «French paradox», en révélant la première explication du mécanisme moléculaire qui aboutit à cette protection.
L'équipe de chercheurs de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm – université d'Angers) avec des chercheurs de Strasbourg et Toulouse, a découvert que les polyphénols du vin rouge conduisent les cellules des parois artérielles à produire du monoxyde d'azote (NO), un vasodilatateur.
Selon leurs travaux parus dans la revue scientifique américaine d'accès libre, PLoS One, le mécanisme élucidé passe par l'un des récepteurs des hormones œstrogènes des cellules de la paroi vasculaire, le sous-type alpha, auxquels se lient les molécules de polyphénols.
Différentes études, dont celles de l'équipe angevine, avaient identifié les polyphénols du vin comme responsables d'un effet vasodilatateur, via la production de monoxyde de carbone, par les cellules «endothéliales» qui tapissent la paroi interne des vaisseaux.
Ramaroson Andriantsitohaina et son équipe ont montré qu'un polyphénol du vin rouge, la delphinidine, activateur du récepteur, suffisait à déclencher la production de monoxyde d'azote dans les cellules endothéliales de souris de laboratoire dotées du récepteur ERalpha, et ainsi contribuait à relâcher leur pression artérielle, contrairement à celles qui en étaient dépourvues.
Cette découverte, outre l'explication scientifique du French Paradox (moins d'infarctus dans le sud-ouest de la France à l'alimentation assez riche en graisses – foie gras, confit de canard – et en vin) ouvre de nouvelles pistes sur le «potentiel thérapeutique des polyphénols contre les maladies cardiovasculaires», selon les chercheurs.