L'évaluation de la relance de la production des cultures de protéagineux et légumineuses, sur le plan environnemental, notamment dans une approche financière, a été réalisée dans le cadre des travaux du Commissariat général au développement durable dans une étude menée par Émilie Cavailles du ministère de l'Ecologie (MEEDDM).
En effet, la relance de la production des cultures de protéagineux et autres légumineuses est un axe de politique agricole et environnementale fixé par la loi de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l'environnement (loi n° 2009-967 du 3 août 2009, article 31).
L'étude rappelle que les légumineuses présentent un double intérêt. D’un point de vue agro-environnemental, ces cultures ne nécessitent aucune fertilisation azotée et contribuent à enrichir le sol en azote. Leur présence dans les assolements permet donc de réduire en particulier les émissions de gaz à effet de serre liées à la fabrication, au transport, et à l’épandage des engrais.
D’un point de vue alimentaire, ces productions constituent des apports importants de protéines pour l’alimentation humaine et animale.
«Malgré ces avantages, les surfaces en légumineuses n’ont jamais été aussi faibles en France», souligne le rapport. Cette situation résulte majoritairement d’orientations politiques prises par la France puis l’Europe. En effet, la production céréalière a toujours été protégée et soutenue, au détriment des cultures sources de protéines, afin de maintenir une filière d’exportation qui constitue encore aujourd’hui un avantage comparatif révélé, explique le rapport.
Ces choix ont conduit la France à être très dépendante pour son alimentation animale, aux importations de tourteau de soja qui ont représenté en moyenne 4,7 millions de tonnes par an sur la période 2001-2007.
«Ainsi, la remise en cause de cet arbitrage politique ne serait pas neutre au niveau macro-économique», juge le MEEDDM. L'analyse réalisée par Émilie Cavailles démontre en effet qu'il serait techniquement possible de réduire ces importations de 41% grâce à une augmentation de la production de légumineuses à hauteur de 7% dans les terres arables, couplée à une plus grande valorisation du tourteau de colza métropolitain, mais cela provoquerait une baisse des exportations de céréales et de colza. Le coût net annuel pour la France serait de l’ordre de 227 millions d’euros.
«La prise en compte des bénéfices environnementaux liés à la relance des légumineuses, qui ont pu être ici chiffrés, permettrait pourtant de compenser environ 83% de ce coût», estime l'étude. Le développement de ces cultures induirait en effet une économie d’engrais azotés de 216.000 tonnes par an et une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 1,8 million de tonnes-équivalent CO2.