Handicapés par la notoriété de la centrale nucléaire voisine, les vignerons du Tricastin ont obtenu mercredi l'autorisation de rebaptiser leur appellation « Grignan-Les Adhémar », a-t-on appris auprès de l'Institut national des appellations d'origine (Inao).
La cinquantaine de professionnels du vin composant le comité national viticole de l'Inao a « émis un avis favorable » sur cette demande déposée il y a presque deux ans, principale étape vers le changement de nom de l'appellation drômoise, a précisé une porte-parole de l'Institut.
La nouvelle appellation d'origine contrôlée (AOC) fera pendant deux mois l'objet d'une « procédure nationale d'opposition », destinée à recueillir d'éventuelles contestations, avant d'être homologuée par un décret du ministre de l'Agriculture.
« Je suis soulagé et très satisfait. Les vignerons avaient besoin de se débarrasser de cette image qui leur collait injustement à la peau. Le boulet est enfin coupé, ça va débloquer la situation », s'est réjoui le président de l'appellation, le viticulteur Henri Bour.
Il espère que le nouveau nom, tiré de la commune drômoise de Grignan (où résidait la marquise de Sévigné) et de la famille noble régnant sur la région au XIIe siècle, entre en vigueur « dès la récolte de 2010 » pour les six vins concernés (rouge, blanc et rosé, répartis en primeurs et vins de garde).
L'Inao a souligné de son côté qu'il s'agissait d'une décision « exceptionnelle, qui n'a pas la vocation de devenir une doctrine », loin des changements limités admis pour les AOC « Côtes du Lubéron » ou « Côtes du Ventoux » rebaptisées en « Lubéron » et « Ventoux ».
Les viticulteurs du Tricastin, qui bénéficiaient d'une AOC depuis 1973, cherchaient depuis des années à se démarquer du complexe nucléaire implanté à partir de 1974-75 dans trois communes voisines. Une série d'incidents sur ce site, à l'été de 2008, a précipité leur décision.
Malgré une série d'analyses démontrant l'absence de radioactivité suspecte dans le vignoble, l'appellation a perdu « 40 % de son volume en deux ans » et les arrachages de vignes ont atteint 600 hectares en quatre ans, laissant 2.100 hectares pour l'AOC, rappelle Henri Bour.