Les éventuels candidats à la reprise de Doux frais, placé en liquidation par le tribunal de commerce de Quimper, ont jusqu'à ce vendredi soir pour se faire connaître, alors que les 1.700 salariés du pôle frais du volailler finistérien espèrent une bonne nouvelle.
Jeudi soir, aucune offre officielle n'avait été déposée sur le bureau des administrateurs judiciaires, selon des sources concordantes. Les candidats à la reprise de tout ou partie de ce pôle frais, chroniquement déficitaire, avaient théoriquement jusqu'à vendredi 9h30 pour se faire connaître. Et généralement, ils se manifestent au tout dernier moment, indique un proche du dossier. « Mais une offre reçue avant (vendredi) minuit ne pourrait être jugée en retard », expliquait jeudi l'un des avocats du groupe Doux, Me Jean-Claude Gourvès. « La jurisprudence dit que les offres reçues le jour indiqué, même si ce n'est pas à l'heure précise, ne sont pas considérées comme tardives ».
Les représentants syndicaux des 1.700 salariés du pôle frais (abattage, découpe et conditionnement de la volaille vendue en rayons frais), attendent des nouvelles en fin de matinée ou en début d'après-midi, ont-ils indiqué. « Je suis confiant », explique Jean-Luc Guillard, délégué CFDT, syndicat majoritaire chez Doux. « Je ne comprendrais pas qu'il n'y ait pas de repreneurs avec la consommation qui augmente et ce qu'on achète. Actuellement, les salariés sont un peu désorientés. Mais le gouvernement est prêt à nous aider ».
Jusqu'à la dernière minute, les négociations se sont poursuivies discrètement en coulisses. Plusieurs noms ont filtré dans la presse : LDC pourrait être intéressé par l'abattoir de poulets de Laval (303 emplois), Duc convoiterait les abattoirs de Blancafort (Cher, 244 emplois) et Serent (Morbihan, 175 emplois). Jeudi soir, aucun de ces groupes ne faisait de commentaire, pas plus que Sofiprotéol, le consortium de plusieurs entreprises (dont Duc et LDC, ainsi que Terrena, Tilly-Sabco et Triskalia) qui avait présenté une offre de reprise globale de Doux, rejetée par le tribunal le 1er août en raison de son caractère indivisible.
« Il faut arrêter de jouer avec les nerfs des salariés », insiste Nadine Hourmant (FO), dont le syndicat a l'intention de faire appel du jugement du 1er août. « Les collègues me disent qu'à Sérent ou dans d'autres sites du frais, il y a des gens qui craquent sur les chaînes... Mais on est confiant, il y a des industriels qui sont passés sur les sites », ajoute-t-elle.
Dans son jugement du 1er août, le tribunal de commerce de Quimper avait placé Doux frais en liquidation judiciaire et fixé au 10 août la date-butoir pour d'éventuelles offres de reprise. Faute de repreneurs, la fin de la période d'activité est fixée au 10 septembre par les juges. Pour les autres activités de Doux (export et produits élaborés), le tribunal a prolongé la période d'observation jusqu'au 30 novembre, préférant ainsi le plan de continuation du PDG Charles Doux à l'offre concurrente de Sofiprotéol, l'établissement financier de la filière des huiles et protéines végétales. Ce plan prévoit l'entrée majoritaire au capital de la banque britannique Barclays, qui espère ainsi récupérer ses 140 millions d'euros de créance.
1.700 emplois salariés sur la sellette
Le pôle frais du groupe Doux représente quelque 1.700 emplois (CDI + CDD), notamment dans les abattoirs, répartis sur 9 sites, sur un total de plus de 4.000 emplois (CDI + CDD).
La société « Doux frais » est ainsi présente à Blancafort (Cher, 244 emplois), Boynes (Loiret, 172 emplois), Graincourt (Pas-de-Calais, 253 emplois), La Vraie Croix (Morbihan, 115 emplois), Laval (Mayenne, 303 emplois), Le Pontet (Vaucluse, 20 emplois), Pleucadeuc (Morbihan, 407 emplois), Sérent (Morbihan, 175 emplois) et Champagne (Ardennes, 15 emplois).
Le consortium Sofiprotéol, candidat à la reprise du groupe volailler, s'était engagé à reprendre le pôle frais pour répondre davantage à la demande du marché français, à l'exception notamment des unités de Graincourt et Pleucadeuc.
Le groupe Doux, qui s'est développé à partir du « grand export », autrement dit des exportations de volailles congelées, et des produits transformés, avait émis le souhait de se séparer du pôle frais (abattage, découpe et conditionnement de la volaille vendue en rayons frais), chroniquement déficitaire, en cas de maintien de la période d'observation.