L'association Max Havelaar a exhorté jeudi les ministres de l'Agriculture du G20 à s'inspirer du commerce équitable, un mois avant leur réunion prévue à Paris pour tenter de trouver des solutions à la volatilité des prix alimentaires.
« Contrairement à ce qu'on pourrait penser, des prix très élevés des matières premières agricoles ne constituent pas forcément une très bonne nouvelle pour les petits producteurs du Sud », a expliqué lors d'une conférence de presse, Christophe Roturier, directeur délégué de Max Havelaar France, une association de promotion du commerce équitable.
Cette flambée génère au contraire une déstabilisation des filières, a déploré l'association. Car certains acheteurs vont voir directement des petits producteurs pour leur acheter leur récolte avant que la coopérative avec laquelle ils travaillent n'ait la possibilité de les payer dans l'attente de trésorerie. Ces opérateurs stockent ensuite cette production pour la revendre quand les prix sont au plus haut, alimentant ainsi la spéculation.
Par ailleurs, les récoltes sont affectées par le changement climatique, avec certaines régions qui subissent parfois sécheresse et inondations la même année, avec des conséquences sur la sécurité alimentaire.
« Au moment où le G20 met sur la table la question de la volatilité » des prix agricoles, nous sommes persuadés que le commerce équitable (...) « a des choses à dire et peut être source d'inspiration pour les décideurs du G20 », a indiqué Christophe Roturier.
« Nous avons déjà mis en place un certain nombre d'éléments qui sont de nature à assurer une régulation de ces prix agricoles » a-t-il indiqué, estimant que le commerce équitable constituait un « laboratoire en grandeur réelle depuis 25 ans ».
Il a ainsi évoqué « un prix minimal garanti pour le producteur qui couvre a minima les coûts de production durable », la nécessité d'investir dans l'agriculture « avec une maîtrise des producteurs » qui « savent ce qui est le plus efficace pour eux », mais aussi « un dialogue entre tous les acteurs des filières ».
Car « si les parties prenantes ne sont pas associées (au G20, NDLR) aux réflexions et aux évolutions, on risque de déboucher sur des solutions qui n'en seront pas sur le long terme », a-t-il prévenu.