Publié le jeudi 12 juin 2014 - 17h17
Des chercheurs de l'Université de Vienne prévoient une augmentation de 25,7 millions d'hectares de terres agricoles et de forêts pour répondre aux objectifs de production des bioénergies de l'Union européenne.
Le rapport publié en mars 2014 par l'Université d'économie et de business de Vienne A calculation of the EU bioenergy land footprint étudie les conséquences des bioénergies sur les ressources forestières et agricoles à l'horizon de 2020 et 2030. La bioénergie, c'est-à-dire l'énergie issue de la biomasse, est aujourd'hui la plus grande source d'énergie puisqu'elle représente 10 % du total de l'énergie mondiale ; en Europe, c'est 8 % de l'énergie totale qui provient de la biomasse, d'après l'OCDE. L'étude contribue ainsi à enrichir les discussions autour de la définition des objectifs européens d'incorporation des bioénergies dans la production d'énergie et adresse un regard critique sur les conséquences environnementales de la production de bioénergies.
En effet, d'après l'étude, « la production de bioénergie dans l'Union européenne a largement été motivée par une politique de soutien et de subventions pour réduire les gaz à effet de serre et la dépendance des énergies fossiles ». L'Union européenne s'est fixée comme objectif d'atteindre 20 % d'énergies renouvelables en 2020 ; les bioénergies jouent un rôle capital puisqu'actuellement 64 % de l'énergie renouvelable européenne provient des bioénergies. En 2010, la surface de biomasse utilisée pour produire des bioénergies atteignait 44,5 millions d'hectares (soit la surface de la Suède).
D'après les calculs effectués par les chercheurs, la biomasse nécessaire pour répondre aux objectifs d'incorporation des bioénergies dans le mix énergétique en 2020 correspondrait à 56,6 millions d'hectares en 2020 et 70,2 millions d'hectares (la surface de la Pologne et de la Suède) en 2030. Le calcul de ces surfaces a été réalisé sur la base de modèles de prédictions et correspond aux terres utilisées dans l'UE pour la production de bioénergies et aux terres utilisées pour la production de bioénergies importées dans l'UE. Plus précisément, cette augmentation répondra à l'objectif fixé par l'Union européenne d'atteindre un taux de 10 % d'énergies renouvelables dans le secteur des transports. Les bioénergies seront aussi utilisées dans le secteur du « biochauffage » et de la « bioélectricité ».
Les forêts sont les écosystèmes qui seront les plus touchés puisque les chercheurs prévoient « une utilisation de 39 % des forêts européennes pour la production de bioénergies (en 2010, le pourcentage était de 29,2 %). En effet, la production de “biochauffage” est majoritaire puisqu'elle représente 74 % du totale des bioénergies ».
« Ces calculs sont incertains du fait d'un manque de données », précisent les chercheurs, mais ils mettent en garde les décideurs politiques et l'opinion publique sur les « risques que comporte l'augmentation de la production de bioénergies : déforestation remettant en question l'impact positif sur le changement climatique, perte de biodiversité, accaparement de terres et des ressources allouées à l'alimentation humaine ». Le rapport appelle à réfléchir à une exploitation plus durable de la biomasse pour la production d'énergie, en développant des systèmes de suivi et de mesures de durabilité.
Claire Faure
Le commentaire d'article est réservé aux abonnés de La France Agricole.
Si vous êtes abonné, identifiez-vous dans le bloc "services experts"
situé en haut à droite de la page.
Si vous voulez vous abonner et profiter de tous les contenus du site ainsi que de l’édition papier de La France Agricole, cliquez sur le lien ci-dessous :
Nos offres d'abonnement
simples ou couplées,
à nos publications
hebdomadaires
et mensuelles
Découvrir nos Offres