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Vigne OGM de Colmar

Bataille idéologique sur fond de visite ministérielle

Publié le lundi 23 août 2010 - 19h37

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Vigne OGM de Colmar : bataille idéologique sur fond de visite ministérielle. Photo: J. Chabanne

Mardi après-midi, le centre de recherche de l'Inra à Colmar en Alsace accueillera le ministre de l'Agriculture et la ministre de la Recherche, à la suite du nouveau saccage de l'essai de vigne transgénique dans la nuit du 14 au 15 août 2010 par une soixantaine de faucheurs volontaires.

 

Ce sera l'occasion pour Bruno Le Maire et Valérie Pécresse de constater les préjudices causés sur la parcelle expérimentale (du moins ce qu'il en reste) par les faucheurs volontaires et de s'entretenir avec Marion Guillou, la présidente-directrice générale de l’Inra, ainsi qu'avec Jean Masson, président du centre de Colmar.

 

C'est au sein de ce centre de l'Inra qu'était mené pour une deuxième tentative – après le saccage isolé de septembre 2009 – un « essai scientifique exemplaire sur le virus du court-noué qui touche les pieds de vigne » en provoquant un dépérissement progressif de la vigne, a indiqué vendredi un communiqué des deux ministères.

 

« Il a pour conséquence des pertes de récolte, une baisse de la qualité des vins et un raccourcissement de la durée de vie des vignes », précise pour sa part le Haut-Conseil des biotechnologies (HCB) dans un communiqué du 23 août 2010.

 

 

L'essai avait fait consensus et reçu toutes les autorisations en mai 2010

 

Le dossier de renouvellement de cet essai avait reçu tous les feux verts ministériels au mois de mai, après le consensus finalement obtenu au niveau des deux instances (scientifique d'un côté, éthique, économique et social de l'autre) du HCB.

 

Conformément à la loi, rappelle le Haut-Conseil, l’Inra avait soumis une demande d’autorisation de l’essai au ministère de l’Agriculture, qui avait saisi le HCB pour avis avant de conclure sur une autorisation de l’essai en mai 2010.

 

Ce que la Confédération paysanne de son côté présente lundi dans un communiqué comme « la première rupture du moratoire politique sur les cultures OGM instauré » en 2008.

 

Pour le syndicat, qui aurait entendu des ministres évoquer « la possibilité d'autoriser les vignes transgéniques et d'envisager leur commercialisation », le déplacement à Colmar mardi s'apparente à « l'affichage d'une volonté de passage en force » du gouvernement sur les OGM.

 

Pour ce syndicat minoritaire qui s'oppose sans discernement à toute culture d'OGM sur le sol français, et quelle qu'en soit la finalité, commerciale ou expérimentale, « le gouvernement démontre à nouveau que le développement des OGM en France est pour lui un objectif politique et non une question scientifique pour résoudre le problème du court-noué ».

 

 

« Un passage en force du gouvernement »

 

La Condédération paysanne estime que « le gouvernement est prêt pour cela à faire prendre aux vignerons français les risques d'une nouvelle crise commerciale résultant de l'introduction des OGM dans le vin, ainsi que d'une crise sanitaire pouvant résulter de la dissémination par les insectes de produits du transgène installé en milieu ouvert à Colmar ».

 

Selon elle, l'Inra n'a de cesse de communiquer « sur la nécessité de “développer des produits (transgéniques) alternatifs” à ceux des grandes firmes ». Le syndicat demande « pourquoi l'Inra ne communique que sur les recherches OGM alors qu'un de ses chercheurs de Montpellier a mis au point par des croisements traditionnels un porte-greffe non OGM résistant au court-noué qui sera très prochainement commercialisé ».

 

Pour leur part les deux ministères soulignent dans leur communiqué que l’expérimentation de porte-greffes transgéniques du centre Inra de Colmar, « menée dans la plus grande transparence, était destinée à recueillir des données scientifiques précises sur le virus du court-noué qui touche les vignobles du monde entier, rend les terres infectées impropres à la viticulture, et contre lequel sont utilisés des produits phytosanitaires polluants et peu efficaces. Outre la lutte biologique et la jachère, l’Inra testait 70 porte-greffes génétiquement modifiés pour augmenter leur résistance à cette maladie », précisent les ministères.

 


Cette expérimentation devait permettre d'avancer dans la lutte contre le court-noué

 

« Ces recherches ne représentaient aucun risque sanitaire ou environnemental. Des conditions strictes avaient été prévues pour prévenir tout risque de dissémination : les porte-greffes ne produisaient pas de fleurs et les inflorescences du greffon (quant à lui non génétiquement modifié) étaient éliminées avant floraison ; une bâche installée dans le sol empêchait les vers porteurs du virus d’évoluer hors de la parcelle expérimentale », rappelle le communiqué.

 

« Cette expérimentation publique était actuellement la seule qui permettait l’acquisition de connaissances fondamentales concernant les relations entre porte-greffe et greffon, les mécanismes viraux de l’infection par le GFLV (le virus du court-noué, NDLR) testés en conditions naturelles, les impacts environnementaux des porte-greffes génétiquement modifiés et notamment l’impact sur la biodiversité de la microflore du sol (virus et bactéries) », indique de son côté le HCB.

 

« L’interruption de cet essai retarde pour plusieurs années l’obtention de réponses à ces questions importantes relatives à l’analyse scientifique de risque », déplore-t-il.

 

 

« La technologie développée par l'Inra est protégée par des brevets de Monsanto »

La Confédération paysanne qui « continuera de s'opposer à toute réintroduction de cultures et aux essais OGM en milieu ouvert en France » s'interroge sur « l'indépendance française » face aux « grandes firmes » de l'agrofourniture. Elle indique que la technologie développée par l'Inra de Colmar est déjà « protégée par deux brevets de la multinationale Monsanto et un autre de l'Université de Cornell, et que Monsanto a fait savoir depuis bientôt dix ans qu'il exigerait des droits de licence en cas de commercialisation des porte-greffes transgéniques de l'Inra ».

 

Pour la Confédération paysanne, « l'agriculture n'a pas besoin des OGM ; la recherche doit travailler sur de réelles alternatives agronomiques adaptées aux besoins des paysans et aux attentes sociétales ».

 

 

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B.V.

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