«Il y a quinze ans, nous avons commencé à éclaircir nos bois pour faire pâturer nos vaches. Nous produisions des bûches de chauffage. Mais c'était un gros travail. Il y a huit ans, nous sommes passés aux plaquettes. Avec mon père, nous nous sommes équipés d'une chaudière de 100 kW», raconte André Viala, installé à Termes, en Lozère.
Il a ensuite dépanné un voisin en lui vendant des plaquettes, puis trouvé quelques clients dans un rayon de 15 km. Aujourd'hui, il produit 200 à 250 MAP (mètre cube apparent de plaquettes) pour sa consommation, et 600 MAP pour la vente.
Plus-value
André élève quatre-vingts aubracs sur 145 ha, dont 35 ha de bois. A 1.100 mètres d'altitude, ce sont les pins sylvestres qui dominent. «Chaque hiver, j'éclaircis de nouvelles parcelles avec mon père. Nous y consacrons cinq heures par jour durant une quinzaine de jours», précise André.
Fin août, il fait venir un prestataire équipé d'un broyeur et d'une griffe qui soulève les arbres entiers. A deux, il leur faut deux à trois jours pour produire 900 MAP avec du bois coupé depuis un an. André a encore des parcelles qui lui fourniront de quoi se chauffer pendant au moins quinze ans.
Pour servir ses clients, il achète des bois d'éclaircie sortis et mis en tas. Il reprend à des scieurs des lots trop secs pour la papeterie. Ce bois lui coûte 5 euros le MAP, auxquels s'ajoutent 5 euros pour le déchiquetage et 10 euros pour le transport, le stockage et la livraison.
Le prix de vente livré est de 25 euros le MAP. «J'économise sur notre chauffage et je rémunère le travail d'éclaircie. Nos forêts entretenues prennent de la valeur», souligne-t-il.
Son père, Jacques, qui avait défriché les mauvais bois pour en faire des prairies, avait obtenu de belles parcelles avec des arbres de trente ans. «C'était ma réserve d'argent sur pied en cas de coup dur», souligne le père, qui l'a transmise à son fils.
«J'espère moi aussi la transmettre à mes enfants», conclut André, qui songe à acheter de jeunes forêts.
Combien ça coûte: 25.300 euros Avec une chaudière de 100 kW et un réseau de chaleur de 80 m de long, la famille Viala chauffe trois maisons dans leur hameau. L'installation a coûté 25.300 euros en 2001, dont la moitié subventionnée par le conseil régional et l'Ademe. Le coût du combustible pour 200 MAP (mètre cube apparent) par an est de 4.000 euros, contre 9.500 euros avec un fioul à 0,6 €/l. Un MAP revient à 20 euros. Il fournit autant de chaleur que 90 l de fioul, qui coûte entre 54 et 81 euros. |
Des parcours accessibles pour les troupeaux En Lozère, la forêt a repoussé spontanément au fur et à mesure que l'agriculture reculait. Elle couvre aujourd'hui 50 % de la surface, contre 10 % au début du XXe siècle. La chambre d'agriculture travaille sur des chartes forestières: ces forêts font partie de l'entité agricole. Les éleveurs font pâturer leurs bêtes dans les sous-bois. Pour améliorer ces parcours, ils débroussaillent, élaguent et suppriment les arbres mal formés. Ceux qui sont conservés gagnent en valeur. Dans ces parcelles éclaircies, les vaches trouvent de l'herbe l'été, plus ou moins rare suivant la densité d'arbres qui a été conservée. «C'est une ressource complémentaire appréciable lors des années sèches, souligne André. Et je circule plus facilement lorsque je dois aller voir une vache.» |
par Jean-Alix Jodier, Frédérique Ehrhard, Marie-Gabrielle Miossec et Charles-Henri Pouzet (publié le 20 novembre 2009)
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