Comme l'a affirmé le ministre du Commerce, Kamal Nath, lors des négociations à l'OMC à la fin de juillet 2008, l'Inde n'est pas prête à une ouverture de ses marchés agricoles qui remettrait en cause les moyens de subsistance de millions de petits paysans. Le pays travaille depuis plusieurs décennies à assurer son autosuffisance alimentaire.
L'Inde fait partie des grands pays émergents, avec une croissance annuelle de plus de 8%, grâce aux secteurs liés aux nouvelles technologies. L'agriculture peine à suivre le mouvement. Elle emploie encore près de 60% de la population active. Beaucoup d'observateurs soulignent son retard de productivité. Cela pourrait à court terme entraîner des déséquilibres car la demande alimentaire croît rapidement. La population indienne dépasse 1,1 milliard de personnes et en compte près de 20 millions de plus chaque année. En outre, une classe moyenne, essentiellement urbaine, se développe. Elle voit ses revenus progresser et modifie ses habitudes alimentaires (lire l'encadré).
Pour Rémy Bitoun, directeur des activités en Inde du semencier Limagrain, «la seconde révolution verte passera forcément par l'utilisation de variétés à forte valeur ajoutée, par exemple résistantes à la sécheresse, et forcément par les OGM». Il souligne que la recherche biotechnologique est à la pointe en Inde, avec la présence de tous les groupes internationaux. La faible taille des exploitations constitue un des principaux handicaps de l'agriculture indienne. Quatre paysans sur cinq possèdent moins de 2 ha. Les possibilités d'investissement sont ainsi limitées et la mécanisation peu avancée.
L'irrigation (30% des cultures) est un facteur déterminant dans le fonctionnement des exploitations indiennes.
Le niveau d'équipements en machines est assez faible. La logistique est assez rudimentaire.
Le surendettement d'une partie des agriculteurs est également une préoccupation majeure. Le gouvernement a décidé cette année d'allouer 600 milliards de roupies (environ 10 milliards d'euros) pour éponger les crédits de 40 millions de producteurs.
Les paysans indiens bénéficient également de subventions pour l'achat des engrais ou de l'eau d'irrigation. Ce type de mesures est critiqué par certains observateurs. TS Vishwanath, spécialiste de l'agriculture à la Confédération indienne de l'industrie, souligne par exemple que la priorité du gouvernemet devrait être l'investissement dans les infrastructures.
La modernisation du secteur agricole est freinée par le manque d'infrastructures dans le domaine des transport ou de l'énergie – les coupures d'électricité sont fréquentes. Les pertes de marchandises sont considérables. Elles seraient de plus de 40% pour les fruits et légumes. Le gouvernement veut favoriser le développement de l'industrie agroalimentaire et a ouvert certaines filières aux investissements étrangers.
L'Inde a aujourd'hui un poids plutôt faible dans le commerce international, mais son rôle pourrait prendre de l'importance à moyen terme, à l'importation ou à l'exportation.
par Philippe Chanvillard (publié le 29 août 2008) Dossier réalisé à l'issue d'un voyage organisé par l'Association française des journalistes agricoles (Afja), en mai 2008, entre New Delhi et Bombay
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