Des sacs de blé chargés sur des camions ou des remorques tirées par de modestes tracteurs: ambiance d'après-récolte à la mi-mai sur les routes de l'Etat indien de l'Haryana. Sur le marché aux grains de Karnal, les producteurs se déclaraient plutôt satisfaits du cru de 2008, parlant d'un rendement de 17 quintaux par acre, soit 35 q/ha. De plus, le gouvernement a augmenté ses prix d'achat (lire l'encadré).
L'Inde est l'un des principaux producteurs mondiaux de blé, après l'Union européenne et la Chine. Les conditions climatiques ont été favorables cette année, ce qui permet au pays d'annoncer une production de plus de 78 millions de tonnes (75 Mt en 2007). La «révolution verte», qui a débuté à l'aube des années 1960, lui a permis d'atteindre son objectif d'autosuffisance, avec une production totale de céréales d'environ 220 Mt, dont 95 Mt de riz. Mais cette autosuffisance est devenue fragile, notamment pour le blé. Le rendement moyen national stagne depuis plusieurs années à moins de 28 quintaux par hectare. La demande intérieure est, quant à elle, de plus en plus importante avec l'accroissement de la population, qui dépasse 1,1 milliard de personnes.
Si l'Inde a exporté du blé au début des années 2000, elle a été un des principaux importateurs en 2006-2007. Le pays avait alors acheté 5,7 Mt, dont 500.000 tonnes en provenance de la France, pour pallier une baisse de ses récoltes. Les importations ont ensuite été de 2 Mt en 2007-2008 et devraient être très réduites pour la campagne en cours.
L'Inde veut gagner en productivité. Mais le pays souffre d'importants handicaps, souligne la mission économique de l'ambassade de France. Les terres sont très morcelées, l'irrigation ne concerne que 30% des terres cultivées et la production agricole est donc trop dépendante de la mousson (saison des pluies). Gurbachan Singh, le directeur du CSSRI, un organisme de recherche sur l'amélioration des sols, explique en outre que la révolution verte «a été nécessaire, mais elle a eu pour conséquence de dégrader la fertilité de certains sols».
Marché aux grains de Karnal, dans l'Etat indien de l'Haryana.
Transport de paille, utilisée principalement pour l'alimentation du bétail.
L'Etat a acheté 22 Mt de blé cette année Le gouvernement indien mène une politique très interventionniste sur les marchés agricoles. Il achète notamment des céréales et d'autres produits qu'il remet sur le marché à un prix subventionné, à destination des plus pauvres. Cette année, il a augmenté le prix d'achat du blé, le faisant passer à 10.000 roupies la tonne (environ 160 €/t), contre 7.500 en 2007 et entre 6.000 et 6.500 roupies précédemment. Les achats publics ont ainsi atteint 22 Mt de blé, soit le double de l'an dernier. Les autorités contrôlent également de très près le commerce extérieur. Importations et exportations sont autorisées au coup par coup. |
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© Photos: Lafranceagricole.fr
par Philippe Chanvillard (publié le 25 juillet 2008) Dossier réalisé à l'issue d'un voyage organisé par l'Association française des journalistes agricoles (Afja), en mai 2008, entre New Delhi et Bombay
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