vendredi 01 octobre 2010 - 15h59
Eleveur dans l'Aude, Eric Alberti récupère les peaux de ses vaches à l'abattoir et les fait tanner. Puis il les utilise pour créer des sacs en cuir.
C'est la passion des chevaux qui a amené Eric Alberti à s'intéresser au travail du cuir. « J'accompagnais des randonnées équestres et je voulais pouvoir réparer moi-même un harnais ou une bride, raconte-t-il. Alors, il y a vingt ans, j'ai suivi un stage de trois semaines chez un sellier-bourrelier des Hautes-Alpes. Il m'a transmis les bases de ce travail. »
Ensuite, Eric s'est fait la main en fabriquant à la demande des jambières ou encore des fontes pour des amis cavaliers. Aujourd'hui, il est installé à Caunette-sur-Lauquet, dans l'Aude. Il élève toujours des chevaux, mais aussi des vaches allaitantes, qui lui fournissent le cuir nécessaire à ses créations.
« Lorsque je fais abattre une vache ou un veau pour en commercialiser la viande, je récupère la peau à l'abattoir, qui me la sale, explique l'éleveur. Puis, je la fais tanner dans une entreprise artisanale à Graulhet, dans le Tarn. »
En fonction de l'objet qu'il veut réaliser, Eric choisit le mode de tannage et la couleur de la teinture. Il fabrique essentiellement des sacs à main et des sacoches, une activité qui lui a valu en 2010 le prix de l'innovation des deuxièmes Trophées régionaux de l'agritourisme, organisés par la chambre d'agriculture du Languedoc-Roussillon et le réseau Bienvenue à la ferme.
Un travail créatif
Chaque modèle est unique. « Lorsque je vois un sac qui me plaît, je le dessine, poursuit-il. Je note aussi les idées de forme ou d'assemblage qui me viennent. Je rassemble tous ces croquis dans un cahier, et j'y puise des idées au moment de me lancer dans une nouvelle création. »
Eric dessine son modèle sur du papier, puis réalise dans du carton un patron des différentes pièces. Pour les tracer sur le cuir, il utilise un tranchet, puis il les découpe avec les ciseaux : « C'est l'étape qui demande le plus de concentration. »
Il arrondit ensuite les bords avec un abat-carre, puis assemble les pièces avec une couture sellier à deux aiguilles. Les trous sont percés avec une alêne.
Ensuite, il n'y a plus qu'à passer les deux fils dedans en les croisant. « Au début, j'utilisais du lin ciré, puis j'ai adopté le nylon poissé. C'est une couture très solide », précise-t-il.
Eric travaille le plus souvent sur commande. Il est présent sur quelques marchés dans l'année et met des sacs en dépôt dans deux ou trois boutiques. Il tire de cette activité un revenu complémentaire qui lui paye les heures qu'il y consacre.
Mais ce qui le motive avant tout, c'est de laisser s'exprimer sa créativité en transformant un matériau dont il aime le contact, l'odeur. « Je travaille le cuir l'hiver, quand j'ai fini de m'occuper des bêtes, ou l'été quand il fait trop chaud dehors, ajoute-t-il. J'apprécie ce temps de pause en dehors des occupations quotidiennes de la ferme. Quand je couds, je peux discuter en même temps, réfléchir, écouter la radio ou simplement contempler le paysage par la fenêtre. »
Ses sacs sont beaux. Mais Eric se voit d'abord comme un artisan qui fabrique des objets adaptés à un usage : « Je pars d'une idée et je cherche à la mettre en forme. Lorsque le résultat est réussi, c'est une vraie satisfaction ! »
EN PRATIQUE • Trouver une tannerie Si vous souhaitez vous lancer dans le travail du cuir, cherchez tout d'abord une tannerie. Ensuite, entendez-vous avec l'abattoir pour récupérer les peaux de vos bêtes. Le tannage dure entre six et huit mois et coûte de 80 à 150 euros par peau. Une vache donne entre 3 et 4 m² de cuir et un veau de six mois autour de 2 m². • Les premiers pas Pour apprendre les principes de base, rapprochez-vous d'un artisan ou faites un stage. Eric Alberti en organise de temps en temps. Pour démarrer, mieux vaut commencer par de petits objets simples. « N'hésitez pas à découdre un modèle qui vous plaît pour comprendre comment les pièces sont coupées et assemblées », suggère Eric Alberti. Des boutiques spécialisées vendent l'outillage nécessaire au travail du cuir, ainsi que les fils à coudre (1). _____ (1) Sites : www.dcc-outillage.com, www.vergez-blanchard.fr/boutique/liste_rayons.cfm. |
par Frédérique Ehrhard
(publié le 1er octobre 2010)
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